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A nos soignants

Margaux Gambier

Lorsque j’étais enfant, les mercredis avaient une saveur particulière. Libérée de mes obligations d’écolière, c’était le jour où ma mère et moi partions dès l’aube en direction du centre hospitalier dans lequel j’étais suivie chaque semaine. Ma maladie ne nous laissait guère de répit.

N’ayez crainte, il n’y a aucune complainte dans les mots que j’écris. Ce rituel était devenu si habituel qu’il est inscrit au plus profond de moi, dans mon cœur d’enfant. Je passais mes mercredis matin à l’hôpital et cela me paraissait aussi naturel que ceux qui le passaient à la danse ou sur un terrain de sport. Une fois la consultation achevée, nous prenions la route en direction de la maison de mes grands-parents avec qui nous passions le reste de la journée. Chacun de ces repas dans la petite cuisine carrelée emplie de vie est une douce chanson qui chantera éternellement en moi.

Bien plus tard, au fil des interventions chirurgicales, lorsque nous livrions une lutte acharnée contre Elle à coup de scalpel, l’hôpital devint moins un lieu de passage qu’un lieu de rétablissement dans lequel j’ai dû apprendre le courage et la patience.

Aujourd’hui, lorsque je me remémore tous ces instants, toutes ces batailles qu’on a menées, mon cœur déborde de reconnaissance pour tous les soignants qui ont combattus à nos côtés. Je parle souvent trop discrètement dans mes textes de toutes ces personnes qui consacrent leurs vies à sauver celle des autres ; aujourd’hui j’aimerais remercier chacun d’entre eux.

Bien sûr, je pense aux médecins, aux chirurgiens et aux professeurs, aux internes qui m’ont vu grandir, aux kinés qui nous ont soutenues chaque jour, parfois même plusieurs fois par jour pour qu’Elle ne gagne jamais, aux infirmières et infirmiers sans qui rien ne serait possible, aux aides-soignants qui ont pris soins de moi lorsque je ne pouvais pas le faire moi-même. A tous les soignants qui m’ont tour à tour portée, soignée, veillée et soutenue.

Et peu à peu, lorsque je me remémore les temps passés dans les longs couloirs où se côtoient néant et existence, espoir et souffrance, courage et résilience, il me revient des instants qui n’ont rien à voir avec la médecine et qui m’ont pourtant été aussi vitaux que les opérations qui ont réparé mon corps brisé.
Parce derrière le patient, derrière l’attente et l’angoisse, l’abnégation et la détermination… il y a surtout la personne. Derrière le soignant, derrière le courage et la rage de vaincre, la bonté et l’empathie, il y a l’espoir et surtout… il y a l’humain.

Au cœur de la tourmente, lorsque ma vie perd l’équilibre et le sens qui la définit, lorsque les doutes m’assaillent et les ténèbres se resserrent, je repense à tous ces instants qui m’ont redonné la force de rêver et de sourire à ces rêves, même lorsque personne n’était là pour le voir. Et immanquablement, je me sens plus forte. Assez forte pour remporter tous les combats que j’aurais choisi de mener.

Je me souviens du brancardier qui de ses blagues et de nos grands débats a rendu mon été hospitalisé bien plus gai.

Je me souviens des responsables du service pédiatrie qui nous laissaient veiller parfois plus tard dans la chambre des uns des autres pour regarder ensemble nos épisodes de série.

Je me souviens de chaque personne qui m’ont suivi dans le long couloir lorsqu’après de longues semaines alitée, j’ai pu reprendre place sur mon fauteuil roulant au prix de mille efforts… un goût de liberté retrouvée. Chaque sourire et chaque signe de victoire reste gravé dans ma mémoire.

Je me souviens des aides-soignantes qui ont pris du temps dans leurs journées surchargées pour me permettre de prendre un bain afin que ma peau renoue patiemment avec le contact de l’eau, à une époque où la moindre goutte sur ma jambe me faisait hurler de douleur.

Je me souviens des infirmières qui revenaient pendant leur jour de congé pour animer des ateliers d’activités manuelles et de soins beauté afin de rendre nos quotidiens de patients moins monotones.

Je me souviens des chirurgiens qui venaient nous rendre visite pendant leurs week-ends de détente pour s’enquérir de nos progrès. Les marques de fatigue imprimées sur leur visage mais le sourire toujours sincère.

Je me souviens de ces deux dames de l’équipe de nuit qui m’ont tenue la main tout au long de cette horrible nuit, lorsque la douleur ne me permettait plus de raisonner et que la médecine était impuissante. Je ne sentais que le contact de leurs doigts qui me promettaient que l’aube allait bientôt poindre, et avec elle, un jour nouveau.

Je me souviens des kinés qui ont tout fait pour nous redonner le sourire lorsque la lassitude gagnait les cœurs.

Je me souviens des docteurs qui m’aidaient à comprendre les exercices de physiques-chimie lorsque j’optimisais le temps en salle d’attente pour faire mes devoirs. Je me souviens de la neurologue qui m’a fait comprendre que mes exercices rébarbatifs d’oxydo-réduction qu’elle avait réalisés avant moi, lui permettent maintenant de comprendre les échanges sanguins et les dosages à mettre dans les perfusions.

Je me souviens de cette infirmière qui m’a fait promettre de ne jamais renoncer lorsqu’elle m’a trouvée en pleurs après avoir échoué une fois de plus à faire mon transfert. Elle a eu raison de m’encourager à y croire. A peine quelque jours plus tard, je parvenais devant mes proches et mes médecins, à passer du lit au fauteuil sans aucune aide.

Je me souviens de cet interne avec qui nous avions discuté longuement de l’endroit où l’on servait les meilleures pizzas de la ville pour que j’évite de trop penser à la peur qui m’envahissait à l’idée du bloc opératoire qui m’attendait le lendemain.

Je me souviens des secrétaires médicales qui occupaient leurs pauses café à s’enquérir de nos progrès et prendre des nouvelles de nos familles.

Tout cela est bien loin derrière moi à présent. Je connais ma chance d’avoir pu m’en sortir, je me sais riche de mes proches qui ont toujours été là, à chaque étape. Je sais que sans eux je ne serais pas là où je suis, à vous écrire ces lignes. Et je n’oublie pas tous ces instants ô combien significatifs cités plus haut, perdus au cœur de ces longues journées qui n’avaient aucun sens.

Je ne connais rien de plus qu’un visage, parfois un nom, mais je déborde de reconnaissance et d’amour pour ces héros du quotidien, ces inconnus de passage qui ont eu les mots et les gestes nécessaires pour me rappeler les promesses que je m’étais faites.

En ces temps difficiles où la santé est de plus en plus incertaine, où nos soignants livrent le plus difficile des combats depuis presque une année entière, je tenais à leur dire merci. A tous. Parce que ces gens ont fait le choix de consacrer leur vie à rendre meilleure celle des autres, à les sauver de toute les manières dont on puisse sauver une vie.

Cher Soignant, sache que si tu lis ces lignes et que le découragement te gagne, si tu perds le sens de tout ceci, puisque nous sommes tous un jour amenés à douter, n’oublie pas que tu n’es pas seul. Parce qu’il y a dans le monde une multitude d’anciens patients qui comme moi aujourd’hui, ont dans la tête et dans le cœur un souvenir de toi les aidant à se relever. Et tout comme moi, même s’ils ne te connaissent pas, ils pensent souvent à toi et espèrent que tu te portes bien.

Comme moi, ils se souviennent de ce que tu as fait pour eux au moment où ils doutaient de l’humanité, où ils doutaient de l’avenir, où ils doutaient d'eux même. Comme moi, ils espèrent te recroiser un jour pour te dire tout ça.

Alors, au nom de toutes ces personnes qui vous doivent tant, au nom de toutes celles que vous avez aidées et que vous aiderez encore : MERCI.

Essais: À propos
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Comme les autres

Margaux Gambier

Je ne suis pas vraiment comme les autres, je ne peux pas le nier. Il y a quelque chose en plus (ou quelque chose en moins) dans mon génome qui a brisé mes rêves de normalité.
« Elle », l’ennemie sans visage qui grandit à travers moi et insinue son venin dans chacun de mes muscles. Elle s’emploie à creuser l’écart jour après jour.
Lorsque j’étais petite, cette différence me faisait mal. Ne pas être comme les autres enfants, c’est se sentir seule dans les cours de récréation où l’on joue à se poursuivre. Ne pas être comme les autres, c’est parfois se sentir incompris. Ne pas être comme les autres, c’est apprendre à conjuguer ses rêves avec les verbes « possibilité » et « capacité ». C’est devoir tenir tête sans cesse à celle qui a juré notre perte. Ne pas être comme les autres, c’est se faire plus d’amis dans les hôpitaux que dans les colos, c’est devoir redoubler d’effort pour prouver sa légitimité, c’est serrer les dents et trouver une autre voie lorsque le chemin est inadapté…
J’ai posé de grandes questions avec mes mots d’enfants, à des adultes impuissants. J’ai demandé souvent à comprendre pourquoi ? Pourquoi suis-je née ainsi ? Pourquoi ne puis-je pas être comme les autres ?
On m’a dit que les choses sont telles qu’elles sont, on m’a dit de ne jamais renoncer, que la fatalité n’était qu’un mirage. J’ai appris la résilience, j’ai appris le dépassement de soi. Ma maladie ne m’a pas laissé apprendre la guitare, j’ai appris la batterie. Je ne pouvais pas lancer la balle, j’ai appris à nager. J’avais tant de choses à dire, je les ai écrites.
Plus je grandissais, plus je m’appropriais cette singularité. Il n’y eut bientôt plus de « pourquoi ? », juste des certitudes. La certitude que la différence n’est qu’illusoire.
Qu’importe l’effort que je dois fournir, je respire le même air que les autres.
Je me déplace différemment, mais comme les autres, j’avance vers mes objectifs.
Ma famille à dû apprendre à livrer bataille, mais comme les autres, elle a signé le traité de l’amour.

Du haut de mon jugement qui se veut adulte, je prends peu à peu conscience que chaque faiblesse liée à cette différence s’est peu à peu muée en force. Elle m’a jeté des maux, j’en ai fait des armes.
En voulant me rabaisser, Elle m’a appris la détermination.
En voulant me menacer, Elle m’a appris le courage.
En cherchant à étouffer mes rêves, Elle m’a appris comment les atteindre.

« Tu n’es pas comme les autres, m’a-t-elle susurré tant de fois, je suis là ».
Elle cherchait à m’isoler, elle ne s’attendait pas à ce que tant « d’autres » croient en moi.
Ce sont toutes ces mains, tous ces cœurs ouverts, qui m’ont fait aimer ma singularité.
Pas ce qu’elle avait fait de moi, mais la manière dont je me suis construite autour d’Elle.
Le temps des questions est passé, aujourd’hui ne subsiste que la rage de vaincre. A coup de rêve et d’espoir, je la mettrai à genoux. Avec l’épée scintillante de l’amour, avec les flèches de solidarité, avec l’armada des bénévoles et l’escadron de nos chercheurs, on la fera disparaître de nos vies, à jamais.

Car je rêve d’un monde où l’adversité est toujours perdante, où la vie est victorieuse dans chaque dénouement, où la maladie se guérit dans chaque gène touché.

Ce monde, j’en rêve jour et nuit… comme les autres.

Essais: À propos
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Margaux Gambier

Le précipice


La course des mots sur le papier comme pour concurrencer celle des secondes qui s’enfuient. La lune à travers la vitre qui se nourrit de mes pensées fugitives. Mon cœur d’encre qui ne parvient pas à calmer ses tressautements de doute. Tout cela brosse un portrait qui m’est trop familier.


En fermant mes pupilles sur ce monde qui gîte, je me retrouve sur la falaise surplombant ma peur. Me revoilà au bord du précipice, saisie d’effroi.

Derrière moi, le chemin est connu, rien ne pourrait me surprendre. Au-devant, le vertigineux précipice de l’inconnu ouvre sa gueule béante sous mes pieds. Je pourrais lui tourner le dos, je pourrais rejoindre cet univers familier et m’en satisfaire. Je pourrais ignorer ce vide qui m’appelle.

​

Pourtant, je ne peux m’en détourner. Il m’attire comme un aimant, il attend que j’avance, que je rejoigne ses bras de hasard, que je risque tout ce que j’ai. Il n’y aura pas de retour possible, ce sera quitte ou double.

Je connais cette sensation, j’ai déjà fait le choix d’avancer sans filet. Quel merveilleux désastre ça a été ! Comme j’ai souffert de tant d’espoir ! Est-ce que cela se passera de la même manière cette fois ci ? Ai-je seulement envie de le découvrir ?

Je pourrais m’en retourner en terre conquise et ne plus jamais songer à l’aventure. Je pourrais vivre sans risque, sans souffrance. Je le pourrais… Vivre le cœur assoupi, suivre ce tracé droit et sûr sans m’en écarter. Je pourrais tout simplement exister et ne plus avoir peur… Jamais.

Et pourtant… Ce gouffre qui m‘attire, plein de promesses et d’écueils, plein de risques et de bonheurs nouveaux. L’air qui s’en échappe est grisant de vie. Mon regard se perd au loin sur cette terre inconnue, ta main se glisse dans la mienne. Toi aussi tu as peur de te lancer.

​

Et soudain, je sais. Je sais qu’il me faut prendre le risque de me faire mal pour avancer, je sais qu’il me faut accepter la douleur pour aimer, je sais que je ne pourrais jamais me contenter d’exister.

Je veux être ivre de vie, me saouler de découvertes, collectionner les expériences nouvelles, les joies et les regrets, les doutes et les espoirs. Cultiver le bonheur sans craindre les orages destructeurs.

​

Je veux bondir dans chaque précipice de méconnaissance, me noyer dans les eaux de l’évidence, aimer jusqu’à m’en broyer le cœur, rêver jusqu’à m’en fendre le crâne.

​

Je ne veux pas renoncer, qu’importe les obstacles, je veux tout tenter pour ne pas découvrir au dernier soir d’hiver que je n’ai pas vécu.

​

Dieu, que j’ai peur…

Mais la peur ne doit pas empêcher le courage.

​

Alors j’ouvre grand les yeux sur ce monde de possibilités et je m’élance pour tomber. Tomber amoureuse, tomber dans les songes, tomber là où l'on ne m’attendait pas.

​

Et ce n’est que lorsque la chute évincera tous les doutes, lorsque la peur, vaincue se retirera, lorsque vous prendrez conscience que vous avez osé, ce n’est qu’à ce moment précis, que vous verrez vos ailes se déployer.

Prenez le risque, ne réfléchissez pas trop !

​

Faites ce pas qui vous terrifie tant.

Dites tout haut ce que vous avez enfermé au fond de vous-même, gommez et redessinez. Réinventez les règles, réécrivez la trame, abandonnez pour mieux retrouver, réinventez ce qu’il faut créer…

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Rêvez haut… Aimez grand…

… Vivez fort …

​

Essais: Citation
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Lettre à mon corps

Margaux Gambier

Je crois que je te dois quelques excuses. Nous n’avons pas toujours eu des rapports très cordiaux.

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Je confesse t’avoir vu comme une vulgaire enveloppe de chair aux muscles atrophiés. Dans chaque reflet de verre, je ne voyais que les marques qu’« Elle » avait laissé sur toi, cette maladie qui façonne ma vie.

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Tu ne répondais pas à mes attentes ni à mes désirs d’aventures. Tu ne suivais pas le plan de mes rêves. Tu t’opposais sans cesse aux chimères de mon imagination, telle une ancre lourdement jetée dans la mer des réalités.

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Carcan des folles pensées, arborant aux yeux du monde les stigmates de ma différence, j’ai tenté de feindre ton inexistence, préférant la séduisante compagnie de l’esprit. Loin de tes contraintes, je me suis envolée très haut, explorant les contrées de mes fantasmes. Je t’ai délaissé, et tu as dû maintes fois me menacer pour que j’en revienne à te considérer.

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J’ai fini par apprendre à t’écouter et à t’apprécier. On ne peut dissocier corps et esprit, ceux qui sont en paix avec les deux deviennent invincibles. Cela, je l’ai enfin compris. J’ai lentement appris à faire l’éloge de ta faiblesse, prenant conscience qu’une vie sans considération pour toi, si séduisante soit l’utopie, n’est en fait rien de plus qu’une demi-vie, stérile de tout ressenti.

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J’ai rencontré des gens qui ont appris à t’aimer et m'ont considérée indépendamment du handicap que tu abritais, pourquoi n’aurais-je pas pu faire de même avec toi ?

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Accepte donc mes excuses un peu tardives et souffrons que nous fassions enfin la paix. S’il est facile de te blâmer pour tout ce que tu es et tout ce que tu n’es pas, s’il est facile de te malmener en s’abreuvant d’illusion, nous n’avons guère appris à être reconnaissant de t’avoir. Trop préoccupé par des critères de beauté imposés par d’autres, nous te trouvons trop si… ou pas assez ça…

Cela a assez duré. Aujourd’hui je veux te remercier de tout ce que tu m’apportes.

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Je veux te remercier pour chaque souffle que tu me permets. Nous respirons tous le même air avec des facilités différentes, mais chaque inspiration est une invitation à vivre.

Merci pour chaque image que tu imprimes sur ma rétine, toiles de beauté et de lumière. Merci de m’offrir le spectacle de chaque aurore après m’avoir permis de contempler les étoiles.

​

Merci pour ce cœur qui bat et dont les transports demeurent parfois une énigme. Merci de me murmurer des vérités et des aspirations que mon cerveau pétri de raison à parfois du mal à entrevoir. On ne réfléchit pas à l’amour ni à l’audace, on se jette à l’eau, souvent grâce à ton inspiration aveugle.

​

Merci de m’offrir la perception de ce monde, de me rappeler à chaque instant que j’en fais partie. Merci de me permettre d’écouter et d’échanger des mots, ces passeurs de l’âme, avec mes semblables afin que mon esprit et mon cœur grandissent.

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Merci de m’offrir la chaleur des miens lorsqu’ils me touchent, les rayons du soleil qui me réchauffent et les perles de pluies qui apaisent les brûlures. La caresse du vent qui joue dans mes cheveux, le sel des larmes qui me pousse à ne pas renoncer, la douceur des sourires pour espérer qu’ils ne s’estompent jamais…

​

Tout ça, c’est grâce à toi.

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Tu es le frisson d’excitation, le tressaillement de bonheur, les papillons dans le ventre, le cœur qui s’emballe, la rougeur de l'embarras, la révolte qui gronde et l'émotion sincère… Tu es le sanglot et le rire, les pas et la course, le sommeil du temps et le réveil du monde, la danse et la contemplation, la musique des sens et le silence des pensées.

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Je t’ai souvent rejeté et pourtant tu m’as toujours soutenue. Tu m’as donné la force de lutter, tu as su trouver les gestes lorsque je n’avais plus les mots. Tu as toujours compris avant l’esprit ce que je pouvais ressentir, me donnant des signes que je ne voulais pas interpréter, me cachant derrières mille excuses absurdes.

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Tu me pousses chaque jour à l’action pour ne pas laisser le regret ronger ma raison si prudente. Malgré toutes les erreurs que j’ai faites pour t’apprivoiser, tu m’as toujours portée vers des lendemains meilleurs. Tu es le mouvement de la vie. Et même s’ils sont limités, chaque geste que tu m’accordes me permet d’être en harmonie avec tout ce qui m’entoure.

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Je regrette de ne pas l’avoir saisi plus tôt, bercée par l’héritage ancestral de la supériorité de l’esprit sur le corps. Je sais à présent que les âmes tourmentées ne connaîtront pas la paix si elles exècrent ce qu’elles sont, en dépit des prouesses de leur néocortex.


La route pour réaliser tout ceci a été longue, mais j’ai saisi à présent. Ce sera toujours toi, du début à la fin, qui m’offrira cette vie de possibilités. Toi, le corps né d’un amour entre deux personnes, toi qui n’a cherché qu’à être aimé de l’esprit en retour.


Toi, mon corps, merveilleusement imparfait, malgré tout ce que tu es et tout ce que tu n’es pas, je t’aime.

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Puissent toutes les âmes en venir à cette même conclusion à propos de leur propre corps, puisqu’il n’y aura pas de meilleur compagnon pour la vie que cet amas de cellules qui les a façonnés.

​

Aimez-vous, tels que vous êtes, car vous êtes magnifiques…

​

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Inadaptée

Margaux-G

Cent fois je t'ai parlé d'"Elle". "Elle" pour la nommer et l'accuser d'avoir lié son destin au mien. "Elle" pour humaniser l'imprévisible ennemie, tapie dans mes muscles, "Elle" pour ne pas dire maladie, ce mot qui attise peur et pitié.

​

Je t'ai écrit des mots pour couvrir tes maux et panser mes plaies. Je t'ai écrit à cœur ouvert durant toutes ces années. Inlassablement, je t'ai chanté la vie chaque soir.

​

Il y a pourtant des choses que je ne t'ai jamais dites. On veut parfois écrire du beau ou du connu, on en oublie d'écrire du vrai.

​

Grandir avec une maladie génétique marginalise et rien ne peut combler cet écart qui se creuse lorsqu'à l'heure des jeux innocents de l'enfance, on fait face aux problèmes d'adultes qui surviennent prématurément.

​

L'être grandit et le grain de sable dans

le génome aussi. "Elle" est là.

On se toise, on se jauge. On bascule dans le déni puis la colère. On hurle, on gémit. On souffre en silence derrière un sourire de résilience.

​

Et puis, on grandit, et on accepte.

On reprend confiance et on se dit qu'après tout, rien ne vaut de vivre.

Petit à petit, on rebattit ce que l'adversité a détruit, en posant des briques d'audace et de courage sur le ciment frais de l'amour.

​

L'espoir devient une arme qui transperce l'amertume et la défaite. Les gens que tu croises saluent ton courage mais il n'y a point de bravoure là où il n'y a pas eu de choix.

​

Parce que tu aimes ceux qui t'entourent, parce que tu sais ce que tu vaux, parce que tu veux saisir toutes les possibilités que t'offre le monde, tu choisis de livrer bataille. Au cœur de la lutte, d'infimes parcelles de bonheur te prouveront que tu as eu raison.

Les rêves s’amoncellent, tu es affamée de cet univers qui te pousse à chercher plus loin dans le champ des possibles. L’ordinaire ne parvint plus à te satisfaire. Comment le pourrait-il après avoir saisi cette chance incroyable qu'est la vie ?

Bien sûr, "Elle" est là et t'impose ses dogmes. "Elle" te rappelle ce qui demeure impossible en redessinant à l'infini la frontière de tes désirs. Pourtant, tu la repousses chaque jour et tu finis par l'apprivoiser. Tu étouffes la haine pour écrire la paix. Tu définis des compromis.

​

"Elle" te pousse à voir au-delà de ce que tes yeux perçoivent, au-delà des étiquettes et des préjugés, au-delà des idées préconçues stérile de fantaisie.

Tu navigues sur un océan déchaîné mais le soleil, enfermé en ton cœur ne te quittera jamais. Tu es reconnaissante pour ce temps qui t'es alloué et tu mets tout en oeuvre pour en savourer la moindre miette, pour que chaque instant compte, pour toi et les tiens.

S'il y a bien une chose qu'"Elle" t'a apprise durant toutes ces années, c'est cette fragile beauté de l'existence, semblable au vol délicat de l’Éphémère dans les doux rayons de l'aube.

Tu t'es adaptée à cette vie que tu chéris, si bien que le terme de malade qu'ils emploient encore ne te correspond plus.

​

Tu ne pouvais pas marcher, tu as appris à rêver. Et les rêves peuvent mener très loin, plus loin qu'aucun pas ne le fera jamais.

Tu as appris à oser l'audace à force de les entendre te dire que tu n'y arriveras jamais.

Tu as appris à aimer la différence et toute la richesse qu'elle apporte à l’humanité.

Tu loues la singularité dans ce monde qui s’essouffle sous le joug de la monotonie et du conformisme.

​

Ils t'ont toujours regardée comme si tu n'étais pas des leurs. Leurs pupilles avides de l'inconnu s'estompent peu à peu. Ce ne sont pas les regards qui ont cessé, c'est simplement que tu ne les remarques plus.

Tu as appris à t'aimer tel que tu es.

On t'a souvent dit "non". Ceux qui ont cru en toi t'ont permis de prouver que la négation était l'excuse pour dissimuler la lâcheté.

​

Dès la première seconde, tu as dû te battre pour mériter de vivre. Aujourd'hui, chaque battement de ton cœur te rappelle à quel point tu as eu raison de livrer bataille.

​

Toi, l'enfant malade, tu es devenue l'adulte handicapée. Inadaptée à la société, mais adaptée à la vie.

Voilà tout ce que tu as dû traverser pour trouver ce que certains passent toute une vie à chercher à tâtons dans l'obscurité.

​

Bien sûr, il reste encore de nombreuses questions dépourvues de réponses mais tu es confiante, tu trouveras les clefs en toi pour déverrouiller les portes encore scellées.

​

Voilà tout ce qui est inscrit en ton ADN, tout ce que son nom à "Elle", a impliqué pour toi.

Tu as essayé de leur dire, de leur ouvrir les yeux, mais la plupart n'écoutent pas, dominés par des certitudes aveugles.

​

Tu évolues dans ce monde qui te fait croire que tu es anormale, que tu dois t'adapter. Tu passes leurs portes trop lourdes, leurs trottoirs trop étroits.

Tu te bats pour tes droits alors que d'autres ne les ont jamais vu remettre en question.

​

On te martèle des idées qui ne sont pas les tiennes, on refuse d'écouter ce que tu proposes, on détaille ton fauteuil roulant avec peur et pitié, sans voir que tu n'es qu'amour et remerciements.

Tu as dompté ton handicap mais on te rappelle sans cesse que c'est lui qui te définit à jamais.

​

En dépit de tout ce que tu sais, de tout ce que tu as accompli, tu resteras à jamais, au yeux de la société et de tes pairs... Inadaptée...

​

​

Si inadaptée est un terme pour désigner le fait de s'accepter, de profiter du temps alloué pour se réaliser et s'envoler dans le vent de nos rêves, si cela signifie d'aimer plus que de raison, d’espérer même lorsque les fous n'y croient plus, être passionnée de la vie et vivre ses passions, alors vous pouvez bien dresser toutes les barrières de préjugés que vous voudrez.

​

Vous pouvez bien bâtir des escaliers vertigineux entre mes aspirations et moi, affûter le poignard de vos regards, noircir des dossiers sur ma différence...

Rien de tout cela importe.

​

Et si la société ne le comprend pas, c'est peut être le signe que de nous deux, c'est bien elle, la plus inadaptée.

​

Essais: Bienvenue
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Le conte des trois fleurs

Margaux Gambier

Laissez moi vous conter l’histoire d’un cerisier qui, sous le ciel d’été, ployait de promesses. De futurs fruits ses branches en étaient gorgées. L’esquisse de pièces florales, encore endormies dans leurs sépales, attendaient le bon moment pour s’offrir aux yeux des promeneurs et des oiseaux rieurs.

D’instinct, elles savaient bien qu’être nées dans les hauteurs feraient d’elles les plus belles des fleurs : au soleil si bien exposées, jamais la lumière ne viendrait à manquer.

Sur la plus haute des branches fleuries, se tenaient trois bourgeons pleins de vie. Lissant leurs pétales à l’abri, elles se préparaient à leur sortie. Les trois jouvencelles, à la file indienne se suivaient. Chacune allait être belle et pourtant, se disputaient la meilleure place au soleil.

La première était la plus proche de l’azur et était jalousée par la seconde sans commune mesure ! Tant et si bien qu’elle vivait dans la crainte farouche que sa cadette ne la détrône un jour. Cette dernière en rêvait toujours, priant pour que la reine initiale, par un cyclone soit emmenée, lui laissant ainsi la royauté.

Cette escarmouche entre ces demoiselles n’intéressait guère la troisième. Tandis que l’une jalousait et l’autre, par la chute était effrayée, la dernière jouissait de la lumière qu’on lui offrait. Heureuse a tout instant, de sa chance son cœur conscient, battait la sève en chantant.

Épuisées de leur chamaillerie, on vit les deux premières dépérir, tandis que la troisième chaque jour parvint à s’embellir. Elle devint bientôt la plus belle fleur du cerisier, si bien que ses collègues furent obligés de la remarquer. Enfin d’accord sur leur jalousie, elles lui parlèrent ainsi :

« Comment as-tu donc fait ? Toi, la petite délaissée qui nous regardait, éblouie, de ces rayons dont par notre ombre, tu étais démunie ? »

Alors la troisième fleur nimbée d’élégance, leur répondit avec grande éloquence :

« Mes sœurs, hier nous aurions pu éblouir d’un même éclat toutes les trois mais aujourd’hui, votre beauté a flétri, trop occupées que vous étiez à vous quereller. L’une dévorée d’envie et l’autre, par la crainte d’être destituée, affaiblie. Pourtant, ainsi nées sur les cimes, nous avons reçus toutes les trois autant de lumière. Ce qui me différencie, c’est que j’ai su la recevoir et aimer ce que j’avais, sans demander plus ou m’y accrocher à l’excès. J’avais, tout comme vous, et je suis devenue ce que vous vous êtes refusées d’être ».

Il ne s’agit là que de trois fleurs qui vous parle de bonheur. On peut passer sa vie à le chercher sans voir qu’il nous a été offert, ou bien saisir ce qui nous est donné et apprendre à être heureux.

Que ce soit sur la branche d’un cerisier ou dans l’herbe à ses pieds, il y aura toujours des satisfaits, des envieux et des effrayés de perdre ce qu’ils n’ont pas. Tous s’épanouissent sous le même soleil, font face aux mêmes bourrasques et reçoivent les mêmes averses. Si certains feront tout pour avoir un idéal de bonheur rien qu’à eux, fragile mirage, miroitant l’ombre gracile et volage qui les mènera assurément au malheur, d’autres feront simplement le choix d’être heureux.

Essais: Derniers articles
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Le conte des deux rivières

Margaux Gambier

Il ne faut pas croire mesdames et messieurs, les rivières et les fleuves paresseux, attendant sagement dans leur lit que coule la vie. La plupart s’aventurent, dépassant les murs par les hommes construits pour échanger entre eux des tranches de vie.

J’ai connu deux rivières qui nageaient ensemble petites, séparées par leur emploi, elles durent partir. Elles firent le serment de se réunir un jour, pour se narrer leurs parcours. Avide de bonheur, elles s’étaient jurées de tout essayer pour le toucher.

La première, rivière d’eau calme, placide et douce âme, n’était pas allée bien loin, préférant amasser ce que les vicissitudes lui amenaient, collectionnant les présents que le courant apportait.

L’autre rivière, était plus aventurière, allant où le vent de ses désirs la poussait, elle n’avait rien à posséder. Son amie s’en étonna, lorsqu’elle fit devant elle état, de l’étendue de ses richesses. Voici ce que dit la rivière duchesse :

- Regardez mon amie, toute ces pièces dans mon lit. Elles brillent de mille feux, c’est un vrai trésor des dieux. Tout cet or dans ma vase, fait ma puissance.

L’autre, faisant preuve de patience, lui répondit :

- Je n’ai point de richesse comparable mais je suis devenu une rivière respectable. De puissance je n’en ai point, mais étant bon et juste avec les miens, je suis devenue importante à leurs yeux, et c’est là ce qui m’est de plus précieux.

Peu découragée, la rivière collectionneuse, reprit ses manies impérieuses :

- Voyez toutes ces pétales de roses qui bordent ma rive, dans les environs, point de missives pour déclarer son amour. Il suffit de m’offrir quelques fleurs au petit jour, en l’honneur de l’être aimé. J’ai plus d’amour qu’on ne pourrait en demander.

- Je n’ai pas une seule preuve de ce que j’avance, mais sur mes berges plus d’une fois murmurées, des mots doux pleins de vérités furent échangés, entre deux cœurs qui s’unissent, me prenant à témoins de leur sincérité. Parfois, même leurs silences me saisissent, car ils renferment une infinie beauté. Échangeant leurs vœux à mes pieds, je me sens chaque fois tellement aimé. Et en retour je leur souhaite toujours, de ressentir cette joie, leur rendant cette affection lorsque parfois, leurs enfants viennent s’éclabousser de mon eau et m’offrir des rires encore plus beaux.

De plus en plus agacée, l’autre rivière continuait :

- J’ai une notoriété que tous m’envient, on connait mon nom à travers tout le pays ! Les hommes viennent m’admirer et ont promis de me protéger. Voyez ma chère, ce barrage qu’ils ont construit pour m’offrir un doux abri ?

Et l’autre nymphe de lui rétorquer :

- Là encore je n’ai pas de preuve tangible, mais quelle douceur indescriptible, lorsque les poètes viennent écrire leurs vers sur mes rives, contemplant le sillon de ma lymphe et ma faune bruisser, été comme hivers se côtoyant dans leurs sonnets. Certains dimanches paisibles, une peintre habile vient poser son chevalet sur mes flancs et de son pinceau me fixe sur le blanc.

Sa comparse commençait à en avoir marre.

- Qu’à tu donc à y gagner, de figurer dans leurs arts ?

L’autre ne se fit pas prier, pour livrer le fond de sa noble pensée.

- Je suis libre, libre d’aller et venir à travers l’espace et le temps. Si un jour je m’assèche dans longtemps, quelqu’un se rappellera, par un vers ou une toile, que je coulais ici-bas.

Vexée, la première comprenait bien, que malgré tout ce qu’elle avait, elle n’était rien et que le bonheur fragile dont elle rêvait, ne pouvait s’obtenir ni se posséder, on peut y prétendre seulement en essayant de devenir. Elle n’avait fait qu’obtenir des objets d’amour, de puissance et de respect, et y avait vu quelque liberté à collectionner, tandis que son amie était devenue aimée, puissante, libre et respectée.

Tandis qu’elle songeait en ses termes, un vacarme résonnait. Le barrage dont elle se vantait tantôt, céda sous des trombes d’eaux. Le courant qu’elle ne maîtrisait plus, emporta tout ce qu’elle avait, loin de sa vue.

- Que vais-je devenir maintenant ? Je n’ai plus rien à présent ! Se désola-t-elle, une fois le drame achevé.

L’autre demoiselle, pour la consoler, énonça cette vérité :

- Apprendre à être avant d’avoir. Remplir ta vie avec du vrai et du beau, pas avec du solide et du faux. Et si tu y parvins, viendra un soir, où tu pourras prétendre au bonheur qui est bien la seule entité, qu’on ne peut avoir l’illusion de posséder, tant qu’on ne sait pas qui on est.

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Le conte d'une fourmi

Margaux Gambier

Dans les méandres de ma mémoire de conteur, où chaque soir des histoires s’y bousculent, acculant les ténèbres pour que le désespoir se meure, un conte de plus en des temps reclus, me parvient. Je m’en souviens assez pour vous en faire présent.

​

Il fut une fourmi peu épanouie. Elle vivait dans une cité où ses nombreuses sœurs se pressaient, divisées en deux secteurs, séparés par un rocher. Sa hauteur était telle que chaque myrmécéenne restait de son côté, là où le destin l’avait placée, subissant sa destinée et faisant sienne cette vie imposée.

​

Le nord du rocher était baigné d’or, la lumière du soleil éclairait ses habitants jusqu’au sommeil. La végétation s’y plaisait, la nourriture abondait. Chacun des chanceux insectes y résidant étaient sûrs, d’un avenir radieux. Il faisait bon vivre au nord, si bien qu’on ne songeait pas un seul instant, au présent des malheureux qui étaient nés sur l’autre versant, livrés à leur sort.

​

La fourmi de mon récit était née au sud, du mauvais côté du rocher. Ignoré par les rayons, le froid et la disette régnaient en maître. Les feuilles étaient en haillons et l’eau, boueuse, aucun avenir à l’horizon, notre fourmi était malheureuse.

​

Comme certaines de ces pauvres voisines, subjuguées par une jalousie intestine, elle accusait le destin sans ménagement, d’avoir mal distribué les cartes. Cette rancœur acre, la consumait lentement.

​

« Je suis née ici et pas là-bas. Ce rocher se dresse entre mon bonheur et moi. Il n’y a pas de vie qui vaille la peine, je suis condamnée à la haine, car c’est ce que les dieux ont fait de moi en me plaçant au sud », se disait-elle parfois, dans ces moments de solitude.

​

Un jour cependant, le soleil en l’entendant, répondit à la fourmi :

​

- « Au lieu de maudire tous et toutes pour ton destin que tu crois condamné par ton lieu de naissance, pourquoi ne pas tenter ta chance et œuvrer pour donner à ton existence, un chemin différent ?

​

- Ah Vraiment ? Comment le pourrais-je cher ami, puisque tout est déjà écrit ? Dès notre venue nous sommes prédestinés à notre insu, comment pourrait-il en être autrement ?

​

- Parce que tu es libre, tout simplement. Libre de te dépasser pour accomplir et t’offrir la vie que tu désire, ou bien libre de rester à te lamenter parce que cette liberté t’effraie et qu’il est moins angoissant assurément, de porter la faute sur les autres, les mieux nés d’après toi, les lois ou bien les cartes données qui ne te satisfont pas ».

​

Sur ces mots, le soleil se retira et laissa la fourmi en désarroi. Elle réfléchit jusqu’à la tombée de la nuit, sondant son cœur pour vérifier si le courage lui manquerait.

​

Au petit matin, ivre de liberté, elle se dirigea vers le rocher et entama son escalade. Les autres fourmis ébahies, se moquèrent de cette tocade. L’ascension fut difficile. Elle crut s’y perdre plus d’une fois, malhabile, mais elle devait tout tenter, pour parvenir de l’autre côté. Elle s’éleva bientôt au sommet, au prix de tant d’effort, et redescendant sur l’autre versant, obtient son passeport.

​

Elle demeura heureuse, et ce malgré son sang fragile car elle avait forgé son chemin, avec l’argile de sa liberté. Un destin solide, que certains obtienne par la naissance, elle l’avait acquis par résilience et en connaissait le prix.

​

Les fourmis du sud ses anciennes voisines, témoins de sa prouesse, auraient pu en masse, suivre sa trace. Prenant leur courage dans leurs antennes, gravissant le rocher, mettant de côté leur haine, réécrivant leur vie. Mais la liberté effraie, comme le soleil l’avait dit et jamais elles ne le firent, préférant dénigrer leur ancienne sœur pour son succès, jalousant sa liberté qui était sienne, sans oser saisir la leur.


Il en allait de même pour les fourmis du nord qui n’étaient pas satisfaites de leur sort, et croyait à un ailleurs plus aisé, se lamentant sans jamais oser, agir pour un changement.

​

Ainsi, la plupart des fourmis souffraient de ne pas être nées en un autre lieu, mais si personne ne peut rien y changer, puisqu’on ne décide pas d’où on né ni quelles étoiles nous seront allouées, s’il y a la moindre chance de s’élever il ne faut pas l’ignorer. Nous sommes toujours libres de choisir, quelques soit nos désirs, de tout faire pour les voir s’accomplir.

​

N’oubliez jamais, que le seul obstacle, qui séparait les fourmis malheureuses d’une vie plus radieuse, n’était point le rocher, mais simplement les chaines qu’elles se sont-elles même passés.

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Un soir de vieillesse

Margaux-G

Tu es venu un jour au monde sans bien saisir ce qu’on attendait de toi. Tu avais des rêves plein les yeux et les poches emplies d’espoir.


Tu as souvent joué à faire le grand, sans savoir qui tu serais vraiment.


Tu as adressé des grandes questions au ciel, comptant les étoiles de ta galaxie. Certaines brillaient plus fort, tu n’as jamais douté qu’elles veillaient sur toi. Tu as souvent parlé à la lune lorsque le silence faisait trop de bruit.


Tu as grandi sans en avoir vraiment envie, on t’a souvent dit d’attendre pour comprendre. Comprendre quoi d’ailleurs ?


On t’a dit d’aimer, mais pas trop. On t’a dit d’être fort tout en étant sensible. On t’a dit d’être brave mais raisonnable, on t’a dit d’être unique tout en imitant les autres.


On t’a donné des héros à chérir que tu n’as jamais rencontrés, on t’a dit de grandir vite mais de rester enfant à jamais.


Et puis, on ne t’a plus rien dit, et tu as dû apprendre par toi-même.


Tu as été jeune, ils ont dit que tu ne comprenais rien, que tu avais tout à apprendre.


Tu avais des idées trop grandes pour toi, un appétit trop imposant pour le monde. Tu t’es senti étouffé, menacé par l’ombre du soir qui tombe trop vite.


Tu t’es senti incompris, piégé dans un monde que tu ne reconnais pas.

Alors tu as consommé ta jeunesse à petit feu. Tu as trop bu, trop fumé, trop fêté, trop aimé.


Tu as appris la mesure, tu as appris l’amitié. Tu as appris qui tu étais.


Tu as cessé de grandir pour commencer à vieillir. Comme tout le monde, tu as dû avancer, laissant tes vieux rêves en bord de chemin. La source de magie s’est tarie.


Tu as appris la confiance et l’honneur, tu as dû te frayer un chemin, te faire une place. Tu as travaillé dur, tu as ouvert ton cœur, offert ta confiance.


Certaines rencontres t’ont laissées meurtri et d’autres ont bouleversées ta vie.


Petit à petit, tu as trouvé ton équilibre, tu t’es établi. Tu as recréé ton petit bout de galaxie, tu y as fait ta vie. Elle s’est parfois écroulée, mais tu t’es relevé, et des mains se sont tendues pour te porter.


Tu as fait des rencontres et encore des rencontres. Certaines n’ont durées qu’un instant, d’autres se sont renforcées au fil des ans. Tu as éparpillé les morceaux de ton cœur pour devenir immortel. Jusqu’à ce qu’un jour, le ciel t’apporte une petite merveille. Tu as pris ce petit bout d’âme au creux de tes bras, ses grands yeux bleus n’ont vu que toi.


Tu es allé chercher tes vieux rêves laissés en bord de route, pour les égrainer dans son berceau, et pourquoi pas, les suivre à nouveau ?


Tu as assisté à ses premiers pas, entendu ses premiers mots. Tu as découvert en toi une force et un courage que tu ne soupçonnais pas. Tu l’as guidé sur le sentier de la vie, toujours inquiet de ce qu’il pourrait lui arriver. Tu n’étais pas parfait, mais tu as tout donné.


Tu lui as tenue la main jusqu’à ce qu’il l’ait lâché de son grès. Tu t’es sentit seul tandis qu’il s’éloignait. Puis tu as recommencé à vivre pour toi, multipliant les nouvelles expériences.

Cela fait bon nombre d’années que tu apprenais, pourtant ils disaient que tu ne comprenais rien, que tu n’avais rien retenu. N’as-tu pas dit cela toi-même à propos des autres ?


Tu sais bien que tu n’es pas savant. Mais tu sais aussi que chaque instant est une découverte nouvelle, que le jour où la vie t’a laissé à terre, tu as décidé de renaître, que tant que l’étoffe funeste n’a pas précipité ta chute, tu peux encore tout accomplir, que l’amour est la seule richesse qui vaille la peine.


Tu sais peu de choses et tes questions d’enfants n’ont jamais trouvés de réponses, mais ça tu le sais.


Tu sais le prix de la vie et que rien ne vaux de vivre. Tu sais que le temps n’est pas à gaspiller, que le phénix renaît de ses cendres, même après le plus violent des brasiers. Tu as réussi à être toi-même et à t’aimer.


Te voilà maintenant, un soir de vieillesse, les ans creusant des rides et ta peau de parchemin usée est couverte de cicatrices. Mais que t’importe ? Tu es entouré.


Tu regardes cette jeunesse qui ne sait encore rien et qui s’imagine savoir un jour. Tu leur racontes tes histoires, tu les guides de ta lumière. Tu étales sur la table tous tes vieux souvenirs sur lesquels le temps n’a eu aucune emprise.


Tu ne sais peut être toujours rien, mais tu as vécu intensément chaque secondes de ta vie… Et ça, tu le sais mieux que quiconque.

Essais: Bienvenue
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Insomnie

Margaux-G

Ce soir, le sommeil me fuit. La lune éclaire mes doutes. Je compte mes rêves à la lueur des bougies au souffle d'espoir.


Les secondes défilent sur l'horloge silencieuse. Est-ce là ma vie qui s'étiole ou le temps n'est il qu'illusion ?


Quelques souvenirs anciens repassent en boucle dans ma tête pour illuminer la nuit. Mes pensées se bousculent au son de la muse qui susurre ses mots, perchée sur mon épaule.


J'écris des mots que j'adresse aux étoiles. Je les destine à mes actes manqués et à mes amours perdus. Y a t'il quelque part une âme esseulée qui viendra briser cette brume de solitude qui m'enveloppe ?


Pour l'heure, seules les ombres de mon passé et les créations sans substance que j'ai tracés au crayon m'accompagnent.


À travers la vitre, l'éclat lunaire semble me dire que l'aube viendra bientôt poindre. Mais la nuit avance et Morphée ne vient pas me consoler, le marchand de sable est rentré, la besace vide.


Trop de questions sans réponses m'assaillent.

Le poids de ma différence m’assomme.
Mon cœur s'emballe.
Respire. Tu n'es pas seule.

Combien d'autres égrainent leurs états d'âmes à la face des étoiles ? Combien regardent le même ciel que moi avec l'illusion d'être seule?


L'heure n'est plus au spleen, le soleil se lèvera bientôt, et avec lui, la promesse d'un jour nouveau.


Demain j'oserai avec le courage qui m'a manqué la veille.
Demain je rayerai un rêve de ma longue liste.
Demain j'étoufferai chacun de mes regrets.
Demain j'aimerai sans conditions.


Puis Nyx, déesse de la nuit régnera de nouveau pour apaiser les brûlures du soleil. Je lui livrerai mes aspirations et mes vœux pour qu'elle les garde précieusement, petits fragments d' âmes libérés de l'emprise du temps qui passe.


Le chant des oiseaux salue l'aube qui se réveille. Le temps poursuit sa ronde, inlassablement.


Les interrogations ont cessés, la peur n'est plus, les doutes, enfermés...


Vite, c'est une nouvelle journée,


Vite, il est temps de vivre...

Essais: Bienvenue
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Différence

Margaux-G

J'ai l'esprit aux rêves et le désir impétueux de vivre.


J'ai milles idées qui attendent toujours patiemment dans un coin de ma tête.


J'ai sur la langue le gout sucré de mon bonheur, le sel de mes larmes, l'amertume de mes regrets et l'acidité de mes tentatives.


J'ai, tapis au fond de la gorge, une myriade de mots que j'ai envie de hurler pour les voir se disperser aux quatre vents.


J'ai, dans le cœur, un amour sans borne pour les miens et la richesse de celui qu’ils m’offrent au quotidien.


J'ai sur les épaules le poids de mes angoisses, le fardeau de l'échec et la rudesse de la honte. 


J'ai dans chacune de mes veines l'espoir qui s'y presse et se diffuse.

J'ai dans les mains des rêves et des idées qui se concrétisent enfin, pour offrir le meilleur au monde qui m'accueille.


J'ai au fond des yeux tout ce qui me rends fière, tous les petits bouts de petits riens qui m'ont construits et me guident dans la nuit.


J'ai sur ma peau le soleil des jours heureux et la bourrasque humide des mauvais moments.


J'ai toujours à la pensée une mélodie qui me chante mes désirs et la promesse d'un jour de plus pour tout expérimenter, rêver plus haut, aimer plus fort.


J'ai dans mon ombre la peur que tout s'arrête, l'effrayante solitude et l'implacable terreur de manquer de temps.


J'ai en mon âme des fragments de vie que m'ont apportés chacun les souvenirs qui m'ont forgée, des images que j'ai gravé en moi, des sons et des odeurs que je n'oublierais jamais.


J'ai dans chacune de mes larmes, les fous rires que l'on ne peut contrôler, la tristesse désarçonnante dont on finit par se relever, l'émotion des grands moments et des grands récits qui m'ont bouleversée.

​

J'ai dans chacun de mes doutes les grandes questions qui restent sans réponses, lancées au hasard dans un ciel trop grand avec la secrète attente d'une réponse.


J'ai dans chacun de mes sourires une petite maison perdue dans la campagne, l'amour inconditionnel d'une mère et d'un père, les éclats de rires fraternels, les amitiés qui se créent ou qui expirent, les jours qui se lèvent et les soleils qui se couchent, les aventures aux allures de voyages au bout du monde, les rencontres qui vont durer une vie ou s'envoler comme un oiseau pressé, marquant leur passage à jamais.


J'ai en moi tout ce que je fus, ce que je serais et ce que j'aspire à devenir.


Je suis tout ceci.

​

Je suis comme vous...


Pourtant, la première chose que vous notez en m'observant est ailleurs:

J'ai un handicap... Je suis différente.

Peu importe où je vais, ce sera à jamais ma toute première identité... Et si l'univers ne nous laisse pas échanger, il ne vous viendrez pas à l'esprit que je suis composé de tout ceci, exactement comme vous...


Alors où est la différence ? 
Pas en moi...

Essais: Bienvenue
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Homo Sapiens

Margaux-G

« Tu dois devenir l’homme que tu es. Fais ce que toi seul peux faire. Deviens sans cesse celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi-même. » 
Nietzsche


J’ai pris la route ce matin, salué par les premières lueurs de l’aube. Je suis parti poussé par l’irrépressible culpabilité d’avoir fait fausse route. J’ai gravi la colline avec ma solitude et mes regrets, le cœur empli de cette sincérité qui m’a touché sans crier gare. J’ai quitté le faux confort et le bonheur virtuel que me procuraient mon univers, pour me retrouver nu parmi ces arbres centenaires. Ils m’observent de toute leur hauteur et attendent patiemment que je brise le silence pesant.


Comme il est facile de se cacher derrière tous ces mensonges et s’entourer de cet idéal factice. Comme il est aisé de fuir les choses les plus simples et les responsabilités les plus élémentaires. Faire tout ce que font les autres pour ne pas être considéré différemment. 
Aujourd’hui je ne veux plus de ce conformisme. Je ne veux plus de ce bonheur feint ni de ces mielleux mensonges. Aujourd’hui je veux ouvrir mon cœur à cette nature que j’ai tant fait souffrir, cette mère que j’ai mise à feu et à sang. Je veux lui parler sans tromperies ni détours. Je veux rétablir la vérité de ma condition.


J’ai eu, à l’aube de ma vie, ce pouvoir unique qu’ont tous les enfants. J’étais capable de vivre chaque instant avec une sincérité et une intense émotion. L’heure n’était pas aux mensonges et aux doutes. Lorsque j’étais triste, mon être était tout empli de cette mélancolie infinie. Quand le bonheur prenait d’assaut mon cœur, j’étais tout à lui et rien ne pouvait venir l’assombrir. Nulle trace de ce poison que l’on désigne sous le terme « regrets », nulles incertitudes amères. Le monde était un vaste terrain de jeux et j’étais tout aux expérimentations.


Il vient un moment où l’on nous demande de grandir, où il faut cesser de faire l’enfant, car l’enfant dans sa sincérité dérange. Il n’est qu’enfant, il doit devenir homme. Il doit devenir responsable et sage. Hélas, cela nécessite que l’adulte perde cette innocence si naturelle que les grandes personnes, nomment l’insouciance, comme s’il s’agissait d’un défaut honteux. L’adulte posé et réfléchi ne peut accéder à cette sagesse tant convoitée s’il a perdu cette sincérité enfantine. André Gide le disait si bien : « Le sage est celui qui s’émerveille de tout ». L’enfant que nous étions ne doit pas être renié, ses erreurs ont construit l’adulte.


Je me souviens de l’enfant que j’étais, des premiers pas incertains que j’ai fait dans ce vaste monde, cette peur de l’inconnu gommé par la main rassurante de mes parents posée sur mes épaules. Ces rêves qui m’accompagnaient à chaque instant, cet espoir infaillible et cet émerveillement tenace devant les fables et les contes. Cet acharnement à croire en la magie, à la voir dans chacune des choses que l’adulte considère aujourd’hui comme banales.


Je me souviens de l’enfant que j’étais pour comprendre l’adulte que je suis devenu. Je me tiens aujourd’hui devant ces arbres qui me contemplent pour présenter mes excuses à cet enfant que j’ai trahi, aux préceptes de mes mentors que j’ai ignorés, à tout ce que je sais, mais que je n’ai pas su appliquer…

Aujourd’hui je veux comprendre où j’en suis, où mes pas m’ont mené et comment ai-je réussi à me tromper si bien moi-même ? Je te demande chère nature, toi dont j’ai souvent renié la sagesse et bafoué les lois, de m’écouter. Je suis tout disposé à accepter ton jugement car tout cela a bien trop duré…

Je souhaite adresser mes excuses les plus sincères aux poètes qui ont de leurs vers nourri mon âme, pour ne pas toujours avoir su reconnaître l’amour lorsqu’il se trouvait sur ma route. Lorsqu’il m’apparut, imposé par une quelconque force incontrôlable, et qu’il vint me frapper de plein fouet, je confesse ne m’être pas toujours battu avec fougue en son honneur, de l’avoir souvent laissé filer entre mes doigts, incapable de prendre les risques nécessaires, par doute ou par couardise.


Je demande pardon aux aventuriers illustres dont les récits ont forgé mon imagination, d’avoir un jour tremblé devant les obstacles, d’avoir parfois découvert que loin d’être invincible, je m’étais effondré sans jamais avoir eu la force de me relever. Je confesse avoir parfois pleuré impuissant devant mon courage qui s’enfuyait au plus loin de moi. Je sens les regrets peser sur mon être comme des pierres, ils m’étouffent. On m’avait pourtant mis en garde de ne jamais les laisser naître, de les étouffer dans leur berceau, mais j’en ai regardé certains grandir sans avoir rien tenté pour les faire disparaitre. Je suis parfois resté hébété, à regarder en simple spectateur tout le monde fuir, décidant soudainement de m’enfuir également, choisissant, je le dis non sans honte, la séduisante facilité.


Je demande pardon à tous mes frères, dont j’ai un jour croisé la route, de ne pas avoir su les comprendre, de ne pas avoir su les voir. Je ne nie pas d’en avoir jugé beaucoup sans avoir appris à les connaître, comme si l’attitude en un court instant ou bien l’aspect physique, pouvait déterminer toutes les qualités et la psychologie d’un étranger. Je demande pardon à ceux que j’ai blessés ou pire, ceux que j’ai ignorés, alors qu’ils étaient mes semblables. A ceux dont j’ai compris la souffrance, et m’en rendant complice, je détournais la tête. Je m’excuse pour tous ces mots blessants qui sont sortis de ma bouche et qui sont venus frapper les êtres chers et les étrangers.


Je demande pardon aux philosophes, ces sages mentors qui m’ont tout appris de la vie à qui j’ai parfois tourné le dos, feignant d’avoir oublié leurs enseignements, d’avoir un jour douté de la vie, d’avoir occulté sa beauté, d’avoir omis de m’arrêter pour regarder. D’avoir perdu un temps précieux en illusions, d’être passé à côté de l’essentiel, d’avoir renié mes rêves ou au contraire, de les avoir laissé prendre trop d’importance.

Je demande pardon d’avoir abandonné mes amis ou bien de ne pas avoir su pardonner leurs égarements, de m’être rendu compte bien trop tard hélas, malgré leur mise en garde, que j’avais le bonheur et qu’il m’a quitté. Pardon d’avoir donné trop d’importance a des choses futiles, d’avoir comme beaucoup d’autre courbé la tête devant une injustice, par peur, par conformisme, protégé par cette sotte pensée : « de toute façon, on n’y peut rien ».


Je demande pardon à cette supériorité théologique (si elle existe) d’avoir toujours douté de son existence et pourtant d’avoir su y croire assez pour la maudire lorsque tout allait mal, de l’avoir accusée de tous mes maux, l’avoir affublée de la responsabilité de ma douleur, simplement parce que j’avais besoin de trouver un responsable.


Je demande pardon à tous ceux qui sont plus malchanceux que moi de m’être un jour plaint de mon sort, d’avoir pleuré sur leurs épaules, convaincu de mon malheur, sans jamais réaliser que je n’avais nullement le droit de me plaindre. Pardon d’avoir laissé parfois le désespoir triompher lorsqu’il m’a semblé que leur espoir à eux n’avait jamais failli.


Je demande pardon à la société, de n’avoir rien de plus que des mots et des idées à lui apporter, et je chéris le jour où elle se rendra enfin compte que les mots et les idées peuvent changer le monde, peut être alors seront-ils enfin utilisés à bon escient…


La vérité, chère nature, et ce en dépit de tout ce que l’on pourra dire, en tentant vainement de me voiler la face, c’est que je ne suis qu’un être humain… Rien de plus.


Je ne changerai pas le monde, je ne gommerai aucune injustice, mon histoire n’est pas plus extraordinaire que l’histoire d’un autre. Je ne suis pas un héros, j’ai commis comme tout un chacun de nombreuses erreurs. Je n’ai pas la sagesse, je n’ai pas la science, je n’ai rien à apporter mais tout à apprendre… Je ne suis qu’un être humain. C’est cela ma plus grande faiblesse et à la fois, ma plus grande force…


L’homo sapiens est une espèce unique mais pas pour les raisons qu’elle se figure. C’est sa faiblesse, loin d’être pitoyable, j’en fais l’éloge, qui nous rend extraordinaire, en dépit de tous nos défauts.


Si j’ai parfois perdu espoir, si j’ai parfois fui, si j’ai parfois abandonné, pour certaines causes je suis cependant resté. Si je n’ai pas pardonné à tout le monde, j’ai été capable d’excuser certains et de m’affranchir du passé. Si j’ai parfois détourné le regard, je me suis souvent levé face à ce que mon cœur me dictait comme injuste. J’ai aimé et j’ai parfois croisé dans le regard de mes frères ce petit quelque chose qui m’a fait sentir que nous étions semblables. Si j’ai parfois perdu un temps précieux, j’ai eu des révélations sur mon égarement. Si j’ai fait d’innombrables erreurs, je m’en suis aperçu et j’ai su m’en repentir, caressant le secret espoir de ne plus les commettre…


La particularité de notre espèce n’est pas la supériorité, nous ne sommes qu’une espèce qui a survécu alors que nos cousins se sont éteints. Nous ne sommes que des primates qui avons perdu toute humilité et qui regardons avec dégoût notre indéniable parenté avec le monde animal.


Notre force, ce qui fait de nous des êtres d’exception, ce en quoi nous devons placer notre fierté, ce n’est ni notre société, ni notre organisation. Ce n’est pas non plus nos voitures ou nos ordinateurs, et encore moins nos maisons et nos petits bonds dans l’espace…


Notre force, c’est notre capacité à apprendre de chaque fait et de chaque rencontre, notre acceptation d’être chargés de défauts mais qu’ils ne sont pas une fatalité. Notre force réside en l’amour, la conscience de la beauté de la vie et de sa justesse, l’amitié, l’art, la culture. Notre force c’est de comprendre que nous sommes tous différents et tous semblables à la fois. Que nous aspirons tous aux mêmes choses, que nous nous sommes tous un jour égarés pour trouver un nouveau chemin….


Je ne suis qu’un humble représentant de l’espèce Homo Sapiens…
Faible, vulnérable et capable de choisir… Choisir de faire le meilleur ou le pire, décider de l’impact que l’on veut avoir sur le monde…


Je ne suis qu’un être humain, et je suis ô combien fier de mon imperfection, car je sais que j’ai toujours la possibilité de grandir et d’évoluer…


Je ne suis qu’un être humain, comme toi, comme des milliards d’autres, capable de rire ou de pleurer, de pardonner ou de maudire, d’aimer ou de haïr, d’embrasser la vérité ou de me perdre en mensonges, de gaspiller mon temps ou de profiter du jour présent…


Je suis à la fois un être ordinaire et unique, et aujourd’hui, devant la nature ma créatrice, je m’incline et je me livre sans faux semblant, conscient de cette force que constitue ma faiblesse, la remerciant pour ce formidable cadeau qu’elle m’a un jour octroyé : la vie...


Je ne suis qu’un être humain et je fais le serment de profiter de chaque instant de mon extraordinaire vie ordinaire, car l’humanité n’est qu’une passante et qu’il nous incombe de faire toute la différence…


Je crois en l’humanité… 

Je suis l’humanité, au même titre que toi, lecteur… 

Alors, je te le dis, en toute sincérité… 

Je crois en toi…

Essais: Bienvenue
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Jeunesse

Margaux Gambier

Ma jeunesse n’a qu’un drapeau pour une armée d’idéaux. Elle n’a qu’une couleur et ne parle qu’une seule langue. Elle a le monde entier dans sa poche et touche toutes les cultures du bout des doigts.
Les baskets aux pieds, elle court au travers des champs en friche qui bordent les villages isolés qui l’ont vu naître. Les décibels plein les oreilles, elle fait des détours dans le quartier où les immeubles l’empêche de voir le ciel. Elle a appris à se débrouiller seule dans une jungle de béton, la tête haute et l’esprit qui rêve de s’envoler.
Ma jeunesse se cherche encore, tiraillée entre la nostalgie de l’enfance et l’émancipation de l’adulte. Elle a parfois peur d’avancer et de découvrir ce qui l’attends en route. Elle hésite, les jeux et les rires innocents d’hier entassés dans un carton encore ouvert.
Elle se démène pour travailler entre ses rêves, refusant d’y renoncer. Elle prend le chemin de l’amphi sous la grisaille de la crise et du chômage qu’on lui promet à la sortie. Elle écoute le déluge d’actualités avec la rage de l’injustice. Elle révise ses cours avec l’espoir de pouvoir changer le monde. On lui répète que rien ne va, mais quand elle revêt son sweat de promo, elle sait qu’elle est capable de beaucoup.
Ma jeunesse n’a pas confiance en elle. Elle a grandi dans un monde d’excès. Elle avance en évitant les étiquettes qu’on colle de manière arbitraire. Elle voit le bon en tous mais quand elle passe devant le miroir, elle ne se trouve pas assez grande pour cette dimension trop vaste. Pas assez belle, pas assez viril, pas assez courageuse, pas assez cool…
Elle enchaîne les petits boulots après la fac en rêvant de grand voyage. Elle a du mal à joindre les deux bouts mais elle se saignerais pour aider les siens.
Elle aime de tout son cœur, elle espère de toute son âme. Elle continue d’avancer entre les peines et les coups durs. Elle recolle des pansements sur son cœur brisé avant de retenter sa chance. Elle chercher à savoir qui elle est dans le regard des autres, et quand elle est déçue, elle s’accorde une deuxième danse.
Ma jeunesse n’est pas prise au sérieux.
On lui offre le monde sans mode d’emploi, on lui demande de prendre le relais dans une société dictée par des codes qu’elle n’a pas choisis. On lui brise ses illusions d’enfant pour qu’elle grandisse plus vite. On lui dit qu’on l’attend, qu’elle est la suivante. Elle aimerait faire la différence. Quand elle ferme les yeux sur ce monde qui lui échappe, elle rêve d’un ailleurs à conquérir.
Elle a vu ses parents dans la galère, elle a vu ses aînées manquer de temps, elle a vu ses horreurs que l’histoire lui a apprise. Elle a vu la violence la saisir à la gorge, elle a vu des frères prendre les armes pour braquer leur rêve et tomber sur le bitume, elle a vu les cœurs brisés qui jamais ne se relèvent, elle a vu la maladie qui terrasse l’espérance. Elle sait que les erreurs de demain, c’est elle qui les commettra.
Parfois, elle se sent étouffé, asphyxié. Alors quand viens le soir, pour ne pas penser à la nuit qui tombe trop vite, elle danse jusqu’a l’aube. Parce que le monde n’a aucun sens, elle tente de l’oublier. Elle cherche les émotions sur l’écran ou dans la boisson en espérant mieux, elle cherche l’amour dans l’éphémère en rêvant secrètement qu’il dure toujours, elle refait le monde sous les étoiles, dans la fumée de ses envies.
Elle sait d’où elle vient et elle en est fière. Elle est capable de créer des liens fraternels au-delà des apparences et des faux semblant. Quand elle est déterminée, rien ne peut l’arrêter. Quand ses amis sont dans le besoin, elle n’hésite pas à tout risquer.
Ma jeunesse prend ce qu’il y a de meilleur autour d’elle pour en faire des perles d’éternité. Elle respire les poumons ouverts et le regard sur l’horizon. Elle parle la bouche pleine d’espoir et croque la vie à pleine dents, avant qu’il ne soit trop tard. Et quand la pluie se met à tomber, elle apprend à danser entre les gouttes.
On lui demande beaucoup sans lui laisser de pouvoir. On attend ses idées sans même l’écouter. On a besoin d’elle sans jamais le lui avouer. On lui dit d’étudier pour travailler, alors elle se dépasse pour un diplôme qu’elle aura eu à crédit. On lui dit de croire en l’amour en lui tendant les papiers du divorce, on lui dit de rêver en lui reprochant ses échappées sur la lune.
Ma jeunesse se noie dans l’art, elle est talentueuse et passionnée, elle gratte ses utopies sur le papier blanc ou sur les cordes d’un instrument, partage sa pensée sur le réseau des misanthropes, transforme sa rage en bravoure sur le terrain de sport…
Ma jeunesse brille de mille feux, parce qu’elle s’autorise encore à croire, elle sait que la voie des rêves n’est pas déviée, elle sait qu’elle peut encore faire quelque chose pour cette terre malade à crever. Ma jeunesse ne renoncera pas parce qu’elle a compris qu’ensemble on est une force.
Elle ne se fait pas confiance mais un jour elle saura qui elle veut être.
Et ce jour-là, ma jeunesse devra passer le flambeau pour transmettre ce qu’elle a accompli. Elle se comparera, pleine de mélancolie, à cette nouvelle jeunesse qu’elle ne connait pas. Elle lui trouvera plein de défauts, elle ne les comprendra peut-être pas… Mais elle se rappellera qu’elle avait les mêmes craintes et les mêmes doutes.
Ma jeunesse ne changera peut-être pas le monde mais elle fera de son mieux, comme ses aînées avant elle.
Ma jeunesse est belle et forte. Elle est l’avenir et vous avez eu raison de croire en elle. Elle a été nourrie de votre amour, elle s’est passionnée pour vos récits et elle espère un jour vous ressembler. Elle vous remercie de ce tout ce que vous avez fait pour elle.
Elle écoute peut-être plus de rap que de rock mais elle vous ressemble en tout point.
Et comme vous avant elle, est sur le point de déployer ses ailes…

Essais: À propos
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L'histoire n'attend que vous

Margaux-G

« On nous dit : L’histoire cela n’intéresse plus personne… On fait de l’histoire

On nous dit : Plus personne ne veut écouter de la musique classique… On fait de la musique classique

On nous dit : la poésie ça ennuie les gens… On fait de la poésie.

Donc en fait, nous faisons tout ce qu’il ne faut pas faire… Â»

Philippe De Villiers, Fondateur du Puy Du Fou


Je t’adresse ces quelques mots inscrits à la hâte sur le papier froissé, mots errants soufflés par la Muse perchée sur l’épaule du poète. J’écris, bercée par les songes et les étincelles d’étoile dormant encore au fond de mes yeux, le cÅ“ur résonnant d’émotion. C’est à toi que je souhaite conter mon aventure, noble seigneur Temps, à toi qui nous offre chaque jour la corne d’abondance des secondes qui  s’égrènent, le nectar sucré de la vie. Je souhaite nourrir ton esprit de mon verbe hésitant, à toi et à tes trois filles que notre monde désigne de ces trois noms : Passé, Présent et Avenir. Je gage que mes lignes sensibiliseront plus particulièrement le passé, puisque je reviens de ce lieu unique, perdu au cÅ“ur de la Vendée, émergé de l’esprit des fous, ces fous dont les idées changent la face du monde : Le Puy du Fou.

​

Je t’y ai vu, Passé, déroulant devant mes yeux ébahis l’immense tapisserie de l’histoire vendéenne, l’histoire de France.  J’y ai vu les grandes civilisations au sommet de leur gloire, les uniformes étincelants des centurions se heurtant à la fierté Gauloise, les chevaliers sur leurs montures aux caparaçons chatoyants, les blasons des bannières qui claquent dans le vent, traversant les âges. J’ai vu mes ancêtres croiser le fer en l’honneur du roi, du cardinal, du pays. J’ai entendu le cliquetis des sabots sur la terre battue en écho, la casaque écarlate flottant sur la croupe du destrier. J’ai esquissé un geste de la main, le cÅ“ur lourd et l’âme en peine, aux soldats partant en guerre sur les routes fleuries.

​

J’ai compris que l’histoire était une science inexacte, loin de l’impartialité qui caractérise ces consÅ“urs. Et pour cause ! L’histoire est indissociable de l’émotion émise par son conteur. Les faits n’émergent que de la bouche des vainqueurs, contrefaits pour justifier des actes injustifiables qui ont maculé de sang les pages du grand livre des événements. Ce que l’on sait aurait il était différent si nous avions laissé s’exprimer toutes les civilisations disparus, vaincues et même, n’ayons pas peur des mots : massacrés ?

Ce théâtre à ciel ouvert, une fenêtre  sur le temps qui depuis quarante ans, ravi plus de quatorze mille personnes deux fois par semaine, porté uniquement par l’investissement de trois mille huit cent passionnés m’ont appris beaucoup en l’espace de quelques heures. On m’avait  expliqué que la guerre était courageuse et noble au rythme des récits glorieux de batailles épiques mais lorsque le défilé prend fin, loin de la foule et des beaux atours, les uniformes étincelants deviennent vite maculés de boue et de sang et l’âme du soldat se teinte peu à peu d’horreur.  Derrière le sourire des comédiens que je devine, je n’oublie pas cette effrayante vérité : nos ancêtres, eux, ne jouaient pas…


L’école m’a enseigné de la révolution française le courage des insurgés et la nécessité du changement. Elle m’a martelé les grandes idées révolutionnaires empreintes d’équité et de tolérance. Elle ne m’a pourtant jamais parlé de la Vendée. La Vendée brulée vive, la Vendée écorchée, pour avoir contesté les méthodes barbares de la révolution. C’est en rédigeant le décret d’extermination de la Vendée que le tribunal révolutionnaire s’est fourvoyé, posant les trois piliers de cette nouvelle France qui sera la nôtre, Liberté, Egalité, Fraternité, dans une mare de sang. Celui de nos frères. Ont-ils eu raison ou tort ? Ce n’est pas à moi d’en juger. Je ne sais si mon ancêtre en ce temps-là était bourreau ou victime. Je ne sais s’il soutenait le roi ou embrassait la révolution, je sais juste que bleus et vendéens, aux points de vue si divergent, n’aspiraient qu’à un seul et même but qui n’a eu de cesse de traverser les âges: la liberté.

L’histoire ne tient pas lieu d’approbation ni de condamnation, elle est là pour que l’on sache, pour que l’on apprenne, pour guider notre empreinte sur le présent et nous placer la plume et l’encrier dans les mains, afin d’écrire notre propre histoire. Je sens le poids du regard de mes ancêtres posé sur ma nuque et je me demande, humble mortel en proie aux questionnements universels à son espèce, si je les rends fiers.

Le spectacle se poursuit sous la voûte céleste. Devant moi, un homme d’un grand âge fait danser son accordéon. Là-bas, plus loin, une ronde d’enfants. Ce n’est pas le poids des ans, ni l’innocence frêle qui font trembler leurs mains et vibrer leurs cÅ“urs, mais bien l’émotion. L’émotion de porter l’histoire, de faire l’histoire, l’émotion qui met en émoi l’artiste en pleine pratique de son art : l’expression d’une nécessité et d’une passion.

Le tableau final s’estompe lentement, la réalité reprend peu à peu ses droits sur nos vies. Les artistes Puyfolais, ces artisans du rêve, saluent. Ils se courbent sous les ovations du public, récoltant leur seul salaire : sourires et remerciements émerveillés. Non, je regrette, ce n’est pas à vous de vous incliner, nos âmes s’agenouillent devant vous et votre exploit : vous venez de nous démontrer l’existence de la magie en ce monde. Merci… Le rêve prend fin, à présent il ne tiens qu’à nous de le faire perdurer.

​

J’applaudis tout en songeant à ma chère Picardie et toutes les histoires qu’elle a su me conter. Mon cÅ“ur de Samarienne a battu à l’unissons avec la Vendée ce soir, et mon âme n’en sortira pas indemne. 

​

Passé, mon ami, si tu me demandais à quelle époque ira ma préférence, a quelle ère aurais-je aimé vivre, je ne te répondrais ni par des désirs de chevalerie médiévale, ni par les bals somptueux de la cour du roi, ni même par les heures insouciantes et paisibles de la belle époque.

Une époque ? Je choisirais sans hésiter la mienne, car elle a su m’offrir l’opportunité unique de toutes les vivre…

Essais: Bienvenue
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Génération Téléthon

Margaux-G

De manière tout a fait primitive, notre cerveau ne connait que deux solutions pour faire face à un danger:

Fuir ou combattre.

Les minutes qui suivent le diagnostique restent à jamais gravées dans votre mémoire. Ce docteur qui est là en face de vous, et qui nomme pour la premiére fois ce qui va devenir votre pire ennemie, cette maladie qui s'abat sur votre famille, soudaine, violente, cruelle.

Durant ces quelques minutes interminables, votre futur défile devant vos yeux. La perte de la marche, le fauteuil roulant, les plâtres, les hôpitaux, les séances de kiné, les opérations, les choix douloureux, les hivers menaçants, le temps qui manque, la mort qui vous poursuit...

Et tout ce que vous ne pourrez jamais faire...

Tous ses rêves qui volent en éclats, cet avenir incertain et compliqué qui se dessine, trouble, inquiétant.

Mais que peut on faire ?

Il y a trente ans, la seule réponse à cette question était : "Rien... On ne peut rien faire..."

Il y a trente ans, la seule solution que nous avions c'était la fuite.

Courber la tête, attendre, laisser la maladie faire sa loi.

C'est cette fatalité que les malades et leurs familles ont refusé d'accepter il y a trente ans.

Une poignée de personnes écrasées par ces maladies qui ont soulevé des montagnes, ensemble, comprenant la nécessité de se réunir pour faire front. Ils sont partis de rien, ils ont tout tenté, parce qu'ils n'avaient plus rien à perdre...
Les français ont suivi, ils se sont unis, refusant eux aussi de détourner le regard, refusant de prendre la fuite.

Et voilà comment nous avons écrit ensemble trente ans de combat, trente années de victoires, trente années d'avancées scientifiques considérables, trente années de solidarités, trente années d'espoir...

Cette histoire c'est la mienne, celle de ma famille, celle de mes frères et sÅ“ur d'infortunes, celles des médecins, des chercheurs, des médias, des artistes, des bénévoles, des donateurs et de tous ceux qui se lèvent le premier weekend de décembre, refusant de laisser la maladie vaincre.

Nous ne savons réagir que de deux manières face à un danger: fuir ou combattre.

Nous sommes de la génération téléthon. Nous avons grandit avec cette idée que tout était possible. Que rien n'est l'oeuvre d'un destin irrévocable, que nous avons toujours le choix de combattre... Et que la victoire est possible.

Je suis fière d'appartenir à cette génération téléthon.

Quand je vois le nombres de personnes qui se mobilisent chaque année en plein hiver, quand je vois
l'engagement de tout ces gens, quand je vois l'énergie et la joie diffusée. Quand je vois qu'un seul numéro de téléphone parvint à faire bouger le pays entier. Quand j'observe les chiffres et que je prend conscience que le téléthon français est le téléthon le plus performant du monde, qu'à notre seule force, que sur la seule charité, sans aucune aide privée, nous sommes devenus le pays le plus performant dans la recherche génétique, financée par vous, par nous... Quand je vois tout ça, et ce malgré le contexte actuel, malgré le découragement ambiant, malgré la perte de confiance en l'humanité.... Quand je vois tout ça...

La volonté des bénévoles,

Les défis incroyables réalisés,

La solidarité nationale,

L'engagement des artistes, des partenaires, des techniciens, des présentateurs, des équipes de France télévisons,

Les avancées des chercheurs,

Le courage sans faille des malades et de leurs proches...

Quand je vois tout ça, je suis fière d'être française.

Je suis fière de mon pays, je suis fière de mon époque, je suis fière de mon humanité...

Je suis fière d'appartenir au pays qui a appris à nos enfants que l'on pouvait toujours choisir de se battre.

Je suis fière d'avoir grandit avec tout ses héros qui j'ai toujours admiré, qui m'ont apprit que l'audace et la folie pouvait faire avancer les choses... Mr Fardeau, Mr Pechanwski, Mr Birambeau, Mr Barateau, Mme Tiennot Hermant...

Je suis fière de vous, que vous suiviez le téléthon à la télévision, que vous soyez sur le terrain, que vous soyez concernés ou non, que vous donniez un euros ou cent euros. Je suis fière d'être votre compatriote... Vous m'avez appris qu'impossible était un mot que l'on emploie comme excuse, que rien ne l'était réellement.

Vous m'avez appris qu'il fallait oser.

La lutte ou la fuite ? La fuite est plus facile... Mais elle n'amméne rien...

Je suis fière de faire parti de ceux qui ont décidé de rester pour combattre...

Un mot... Un diagnostique... Et votre vie s'écroule... MYOPATHIE...
Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?

Ensemble, on peut tout accomplir. Ensemble, on peut vaincre. Ensemble on peut rêver.
Ensemble, nos rêves, vos rêves, les rêves de nos amis qui n'ont pas eu assez de temps... Ensemble nos rêves les plus fous se réaliseront...

Essais: Bienvenue
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Notre combat

Margaux-G

Aujourd'hui un petit texte inédit écrit afin de transmettre les sentiments que nous, malades, ressentons lors du téléthon... 


La réunion des familles est un moment unique. C'est le moment d'échanger, de se revoir, de partager, de comprendre... Chacun à son histoire, ses angoisses et ses doutes, chacun à un lourd poids a porter sur ses épaules mais chacun trouve compassion et inquiétude pour son voisin. Nous sommes tous unis par un même lien, inexplicable et indestructible. Nous parlons sans les mots, nous nous comprenons sans les sons, nous pleurons sans les larmes... Nous sommes là, telle une grande famille.


Nous ne sommes plus seuls, et lorsque les chercheurs nous font part de leur découvertes sur nos maladies, la salle n'est plus qu'une centaine de cœurs qui battent tous à l'unissons dans la même joie, le même espoir. Chaque sourire est vrai, chaque parole est sincère... Chacun connait et partage le quotidien de l'autre, les hôpitaux, les kinés... Et dans cette souffrance partagé, c'est cette même peine qui nous as rendus plus fort, qui à fait naître en nous le courage et l'espoir, et c'est cette même force, ce même esprit, qui nous a procurés cette vision de la vie. Tous s'enquièrent de la santé de chacun, alors que parfois, nos soucis sont moindres comparés aux leurs, et lorsque tombe l'un des nôtre, la peine nous envahi tous, car c'est un lourd combat, et que trop nous ont déjà quittés sans que leurs rêves est put se réaliser... Notre nombre, notre compassion fait notre force. Nous ne sommes pas seuls, Nous nous sommes engagés dans un combat bien plus grand que nous, une bataille féroce contre le temps, la maladie, une bataille pour la vie. Et pourtant, aucun n'abandonne, aucun ne perd espoir... Nous sommes tous unis, rien que le temps d'une journée, dans cette même guerre qui régit toute notre vie.


L'AfmTéléthon est notre seul espoir, notre force, nos rêves et cet esprit de partage et de solidarité est unique, ce sentiment d'appartenir à un même clan. C'est Notre Combat, Notre Force, Notre Espoir... A tous... Alors que la maladie pense nous avoir tout pris, notre avenir, nos rêves, alors qu'elle pense nous avoir anéanti, brisé, alors qu'elle pense que la victoire est proche, il n'en est rien. Car nous ne sommes pas seuls, tous unis dans la même guerre, contre les mêmes ennemies. La seule chose qu'elle ne peut nous enlever, c'est l'espoir. Ouvre les yeux, allez à leur rencontre, laisser tomber pitié, apprioris et préjugés...


Oubliez tout ce que vous pensiez savoir... Ce petit garçon qui ne peut parler, bouger et respirer comme les autres... En vous voyant, il fera milles efforts pour vous sourire. Un sourire plein de joie et d'espoir, un sourire qui veut dire : "un jour nous vaincrons"... Et c'est cette certitude qui nous fait avancer chaque jours, cette certitude que partage tout nos médecins, cette certitude qui empli les chercheurs de confiance et qui fait avancer les recherches... Cette année, le 5 et 6 décembre, vivez cette expérience, et tenter de comprendre vraiment ce qu'est le téléthon, changez votre regard, et apprenez, que pour nous, le téléthon est 364 jours de combat pour 1 journée d'espoir... Et quelle journée !

La plus belle de toutes... !

Essais: Bienvenue
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Ensemble

Margaux-G

La nuit tombe sur moi comme un couperet, le froid glacial de décembre s'insinue dans chacun de mes os. L'obscurité m'enveloppe.

Ma maladie me suit, bien sûr. Elle n'est guère encline à me laisser du répit. Elle s'immisce dans chacun de mes souffles, elle parle en mon nom dans chacun de mes rêves. Vingt et un ans de combat déjà. Quelques coups durs, mais aussi de grandes victoires.


"Elle ne marchera pas..." Je marche.
"Elle ne vivra pas..." Je vis.
Vingt et unes années de rencontre, vingt et un ans de lutte . Une lutte dans le silence, une lutte dans la souffrance, une lutte d'espérance.
Il y a douze ans, la colère me submergeait. J'avais tant à dire à cette vieille ennemie... Myopathie, cruel monstre sans cœur. Tu as dévasté tant de familles, piétiné tant de projets, assassiné tant de désirs. Tu en as volé des vies et des sourires... J'avais envie de te dire tout cela, j'avais envie de le dire, le dire avant de sombrer, sombrer dans la fureur et le désespoir.


Alors j'ai pris un crayon et l'encre ma sauvé. Le papier a aspiré mes maux et mes mots. Mes démons se sont approchés, ils se sont penchés sur mon épaule pour voir ce que je faisais. Alors j'ai écrit avec mon cœur et la lumière les a brûles.


Je n'ai jamais rebouché le crayon, j'ai choisi de partager le papier. Mais malgré tous mes mots flamboyants, il y a des soirs où je me sens bien seule. Qui ne s'est jamais senti isolé dans cette grande société uniforme ?


Mais ce soir, les ténèbres sont percées de mille lueurs.


Ce soir, Marine a fini sa journée de travail, mais elle ne va pas rentrer chez elle... Non, ce soir, elle restera encore un peu et avec ses collègues, elle fera une collecte pour le téléthon.


Laurent est pompier. Sauver des vies, c'est son travail. Ce soir Laurent n'éteindra aucun incendie, il ne réanimera personne non plus. Ce soir, il n'ira pas dormir, il va courir. C'est son fil rouge. A chaque kilomètre, de l'argent arrive sur le grand compteur, un compteur d'espoir que regardent tous les myopathes français. Laurent ce soir, sans même s'en douter, aura sauvé bien plus de vies qu'il ne l'aurait fait en plusieurs mois.


Mathieu a des rêves plein la tête, il ne vit que pour la musique qui le transporte. Ces amis sont sortis fêter l'arrivée du week end, mais il ne les a pas suivis. Ce soir, Mathieu montera sur scène. Il va chanter pour le téléthon, avec des notes d'amour et d'humanité. Les applaudissements qu'il récoltera résonneront dans les oreilles de tous les enfants malades.

Il fait froid dehors, mais Louise n'en a cure. Elle a mis son manteau, enfilé des gants et une écharpe, attrapé les 200 crêpes qu'elle a réalisées cet après midi. Leurs ventes ouvrira la voie à de nouveaux traitements et amènera dans de nombreuses famille, la saveur sucrée de l'espoir.


Je peux vous citer tellement de noms, tellement de choses. Je pense à tout ceux que je connais ou non, ceux qui donnent de leur temps, ceux qui s'investissent. Je pense aux artistes, célèbres ou non. Je pense aux familles qui chaque jour font le plus difficile des métiers. Sans eux, notre courage et notre rage de vaincre ne seraient pas.

Je pense à vous qui me lisez, je pense à tous ceux qui vont composer le 36-37 ce week end. Je pense à ceux qui sont sur le terrain, ou ceux qui suivent les événements au travers leurs écrans. Je pense aux chercheurs qui se battent chaque jour contre le temps et les discours défaitistes. Je pense à tous ces défis un peu fou qui se font en ce moment même, a tous ces rêves qui sont en train de se réaliser, toutes ces villes de France qui se lèvent, tous les discours, les mots, les rires, les sourires.


Je pense à toutes ces étincelles dans les yeux des enfants pendant ces trente six heures d’espérance.

Je pense à tout cela. Et là... Tout à coup, je ne me sens plus seule. Pourquoi le serais-je ? Devant cette élan de solidarité, devant cette leçon de courage, cette histoire que nous écrivons tous ensemble, peut être même le plus beau récit qui soit. Un récit d'abnégation et de force.

Non, ce soir plus qu'aucun autre, nous ne sommes pas seuls.

Ce soir, notre cœur bat au même rythme que des milliers d'autres.

Ce soir, les gens du sud et les gens du nord ont les mêmes objectifs.

Ce soir, nous dessinons ensemble l'esquisse d'un futur meilleur qui se prépare... Un futur où nos enfants n'auront plus à lutter contre des maladies invalidantes, un futur où la vie triomphera toujours...


Et nous pourrons définitivement refermer le grand livre du téléthon. Un livre marqué par l'envie de profiter de chaque instant, par l'amour de la vie, la solidarité sans frontière. Un livre d'humanité et d'espoir. Un livre dans lequel vous avez tous écrits avec la même couleur.


Et chaque euro, chaque sourire, chaque action, c'est autant d'espoir et de force que vous nous offrez... Merci, du fond du cœur... Merci.


Nous vous parlons de vie, vous nous parlez d'avenir.
Nous vous montrons qu'il faut profiter de chaque seconde, vous nous en offrez de nouvelles.
Nous vous exposons nos interminables listes de rêves, vous nous aidez à les réaliser.


Non, je ne suis pas seule, je ne l'ai jamais été. Nous sommes tous liés, à travers l'espace et le temps, par ce même cœur entre les mêmes épaules.


Ensemble, nous pouvons tout. Et ce "tout" peut nous amener très loin.

La vie n'a pas voulu qu'être humain soit un métier facile...
... Mais quand on y arrive ne serait-ce qu'un petit peu, il nous apparaît alors que c'est le plus beau des métiers qui soit.

Essais: Bienvenue
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Handi Chien

Margaux-G

- « Margaux, vous ne l’avez pas vue ? Je suis une amie, nous devions nous retrouver à la cantine pour déjeuner ensemble mais je l’ai manquée. Elle est déjà passée ?
Le surveillant secoua la tête, cela ne lui disait rien.
- « Vous savez, Margaux, elle est blonde elle porte des lunettes et euh… Elle est en fauteuil roulant.
Le surveillant se gratte la tête… Non décidément non…
- « Elle a un chien… ». 
Illumination: oui bien sûr ! La jeune fille avec le labrador noir, bien sûr qu’il les connaissait !

Voici ce que m’a rapporté mon amie ce jour là lorsque nous nous sommes retrouvées à la cantine du lycée. Cela m’a beaucoup amusé: en quelques jours je suis passée pour tout le lycée de : la fille en fauteuil roulant, ou la fille handicapée à la fille qui emmène son chien en cours, et je ne vous cache pas que cette nouvelle image m’est nettement plus favorable ! Car c’est là, la toute première mission du chien d’assistance: créer du lien social. Et pour cela, je vous prie de me croire, Helios sait vraiment y faire ! C’est incroyable comme sa présence à mes côtés a bouleverser le regard des autres. Avant les gens n’osaient pas m’approcher, ne savaient pas comment venir me parler, maintenant ils viennent d’abord pour Hélios, ils me demandent son nom, ce qu’il fait pour m’aider et voilà… En quelques secondes d’inattention, la barrière, instaurée par la peur de la différence est tombée. Comment ne pas craquer devant ces grands yeux ambre, son pelage doux et ses oreilles tombantes ? Il m’a tout récemment accompagnée à ma session d’examens et nous avons à nous deux une méthode infaillible : Moi je travaille et Hélios drague l’examinatrice ! Trêve de plaisanteries ! Hélios a changé beaucoup de chose dans ma vie et dans celle de mon entourage. Ne plus avoir à demander sans cesse de l’aide pour des petits riens, comme ramasser ce que je faisais tomber au sol, ouvrir une porte ou encore retirer mon manteau. Mais c’est aussi une belle histoire d’amitié qui se tisse un peu plus chaque jour, une confiance mutuelle qui s’établie. Un apprentissage qui se fait à chaque heure. Une amie m’a fait remarquer l’autre jour à quel point notre relation avait évolue avec Helios, au début nous étions un binôme, deux coéquipiers qui apprenaient à travailler ensemble, à présent c’est comme si nous détenions chacun une petite partie de l’autre, nous nous comprenons sans les mots, il est mes muscles et compense ce que je ne peux pas faire. 
Je ne crois pas qu’il soit possible de décrire ou d’expliquer convenablement tout ce qu’un chien d’assistance va vous apporter. Durant le stage, nous sentions qu’il aller changer à jamais notre vie, mais nous ne saisissions pas de suite de quelle manière ni jusqu’à quel point. C’est quelque chose qui se découvre petit à petit, une complicité, un lien indéfectible qui devient chaque jour un peu plus fort. Une histoire qui s’écrit et évolue à chaque instant. Cette histoire, je ne regrette pas un seul instant d’avoir pris la décision de la vivre, et je voudrai vraiment remercier toutes les personnes sans qui elle ne pourrait continuer de s’écrire. Les éducateurs canins et tous les gens qui travaillent à Handi chien, les bénévoles, les gens qui collectent des fonds, les parrains qui aident au financement des chiens, les familles d’accueil qui donnent de leur temps bénévolement pour accueillir les chiots. Sans eux rien ne serait possible. J’ai dît tout à l’heure que l’arrivée d’Hélios avait changé ma vie et celle de mes proches, et que pour cela je devais beaucoup à toutes ces personnes. Si vous voulez participer à l’écriture d’une nouvelle histoire entre une personne et son chien, il suffit de soutenir Handi chiens…

Essais: Bienvenue
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Petit traité sur l'imagination

Margaux-G

                                                    A l'enfant que j'étais hier et que je resterais demain...


J'ai bien conscience qu'il n'est pas bon de trop se complaire dans les rêves, on en finit par perdre toute frontière entre l'invention et la réalité. Cependant, que serait notre monde sans cette touche de magie qui le colore ? L'espoir pourrait-il survivre sans le rêve ? Et plus important encore, l'humanité pourrait-elle survivre sans l'espoir ?

J'ai souvent regretté dans mon jeune âge la morosité et la banalité du monde dans lequel je vivais. Où chaque journée est programmée écartant tout risque d'imprévu, où les seules histoires de combats ne reflètent que la lâcheté à la corruption des hommes, où la bravoure parait être une vertu inutile, où les sacrifices sont vains et la morosité se lit dans tous les cœurs... Où est donc passé le temps des héros ? Le temps du courage et des causes juste ? Où est l'acier qui forgea les épées et avec eux, l'homme sur sa monture qui dû apprendre le contrôle et l'honneur pour partir en quête de légende ? Je me suis souvent prise à rêver de vivre aux temps des mousquetaires où sur la terre du milieu. Ces mondes, ces temps révolus où l'on pouvait faire la différence, où défendre une cause juste pouvait changer bien des choses. J'ai grandi et j'ai compris que ces histoires peuplées de héros qui me faisaient tant rêver, n'existaient que dans les livres ou dans les films, que les contes et les légendes ne sont que des fables pour endormir les enfants... Et pourtant, je ne peux me résoudre à quitter mes yeux d'enfants pour voir le monde tel qu'il est... Sans magie, sans honneur, sans courage, sans histoire... Cela serait comme de se réveiller brusquement d'un doux songe. Je me souviens encore de l'enfant que j'étais jadis, arpentant les bois avec une paire de jumelles, certaine de découvrir quelques licornes derrières les arbres, scrutant le ciel pour voir arriver le dragon qu'elle attendait, la preuve que cela pouvait exister. Je me souviens de cette même enfant qui éclata en sanglots lorsque, persuadée d'être une guerrière, d'avoir la force et le courage de ses héros favoris, le monde extérieur la força à se regarder dans le miroir afin de voir comment elle apparaissait à tous, qui elle était vraiment et à quel point elle était faible à l'existence insignifiante... J'ai soudain réalisé que je ne me souciais guère de ce que le reste du monde voyait en moi tant que ceux qui me sont chers ont conscience de qui je suis, tant qu'ils sont capables de me voir moi, la petite fille au fond de son fauteuil roulant. Dans leurs regards je ne décèle aucune pitié et je retrouve le courage qu'il me manquait.

Nous avons tous un combat à mener dans notre vie, on peut le choisir ou la vie peur nous l'imposer... Ce qui est certain, c'est que notre monde est formidable. Je le sais à présent... La magie y est omniprésente, nous avons juste oubliés de nous en émerveiller. Nous assistons chaque jours à de véritables miracles en les qualifiants d'ordinaires... Tenez, par exemple... Vous êtes en train de respirer... Savez-vous par quels étonnants mécanismes votre corps en est-il capable ? Avez-vous conscience de la complexité des systèmes vous permettant d'étendre le bras où de saisir un objet dans votre main ? Savez-vous peut être comment l'araignée est capable de tisser sa toile? Comment la jeune gazelle parvint à marcher une demi-heure après sa naissance là où il nous faut deux ans pour l'apprendre ? Chaque parcelle de votre corps est un formidable complexe d'interactions qui vous permettent de marcher, pensé, parler, voir entendre, manger... Je puis vous assurer qu'à l'instant même où votre corps ou l'une de ses fonctions vous fait défaut, vous vous rendez compte du formidable cadeau qu'est la vie. Qui somme nous pour décider de ce qui est ordinaire ou non ? Sur quels critères nous basons nous ?

Rêver est essentiel à notre vie, lorsque tout s'effondre autour de vous, l'imagination est là pour reconstruire ce qui fut, ce qui doit être sauvé. Mais l'erreur fatale serait de croire que notre monde est dépourvu de magie. Je dirais qu'il faut d'abord y croire pour ensuite parvenir à ouvrir les yeux... La différence majeure est que la magie de notre univers dépend de nous. Elle n'existera que si vous daignez la voir et vous en étonner. Devant chaque jour nouveau, je suis stupéfaire de ce qu'il apporte. Regardez les débuts de la vie sur terre: rien de plus qu'une série d'événements infimes aux chances infiniment faibles qu'elles s’enchainent un jour, et qui sont pourtant à l'origine de toute forme de vie telle que nous la connaissons aujourd'hui. La magie n'est pas toute faite, prête à sortir des livres d'incantations, potions ou de baguette magiques, elle ne dépend que je nous... Elle s'appelle l'amour, l'amitié et nous seuls en sommes les auteurs...

Il n'est pas nécessaire d'attendre la venue des héros, il faut juste prendre la décision d'en devenir un. Un seul homme ne suffit pas à changer le monde, et pourtant, on oublie que plusieurs suffiraient à faire avancer les choses. Songez aux médecins, aux pompiers, aux policiers qui sauvent des vies... Ceux qui donnent un sourire à autrui, sans rien attendre en retour, ceux qui n'ont pas peur de clamer leurs révoltes faces aux injustices. Nous pouvons tous être des héros, n'ont pouvons tous vivre la vie que nous nous sommes imaginés. S'il vous faut être témoin d'un miracle pour croire en la magie de ce monde, songez donc à cette réalité incontestable: vous VIVEZ... Vous avez une vie et vous pouvez faire tout ce que vous voulez, devenir qui vous voulez, aller où vous voulez aller... Vous vivez... N'est-ce pas là une preuve suffisante ? Trouvez un rêve qui en vaille la peine, et battez-vous pour le voir s’accomplir. Décidez quel sens aura votre vie et foncez. C'est ici et maintenant que tout se joue. C'est votre vie, vos choix, vos idées et chaque défis que vous vous serez lancés sera une victoire, non dans l'issue, mais dans le simple fait que vous avez osé essayer... Devenez ce changement, cette personne, cet événement que vous attendiez tant. Prenez vos rêves et faites en votre vie... Et lorsque tout deviens sombre, levez la tête, scrutez le ciel et voyez si vous apercevez le vol du dragon de votre enfance. L'imagination est notre seule arme dans la guerre contre la réalité... Il est maintenant temps de vivre la vie que vous vous êtes imaginés...

Nous sommes tous des héros, pour la simple et bonne raison que nous avons tous étaient des enfants  qui ont un jour crut en la magie...

Quelle sera donc votre histoire ?

​

                Je voulais dédier ce texte à tous les héros qui ont marqués mon enfance mais, étant trop nombreux, pour ne pas terminer cet essai par une longue liste de personnages, je choisis de le dédier à mes deux favoris: Maman et Papa.

Essais: Bienvenue
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Toutes ces petites lumières

Margaux-G

Mon foyer ne recèle ni or ni pierreries mais il est empli de richesses. Oh, pas le genre de richesses que convoitent les cÅ“urs cupides, seulement celles qui rendent heureux les cÅ“urs purs. Il y a peu de meubles et peu de bibelots, simplement l’essentiel. Partout des fenêtres ouvertes sur le monde, un coin de ciel plus bleu que le bleu de vos yeux, l’herbe éclatante d’un vert émeraude percé de fleurs aux milles couleurs chatoyantes. Le vent fait valser le feuillage des arbres en lui murmurant un air populaire. Qu’il danse : il ne peut faire frissonner nos âmes assoupies. Les cieux se parent de rose et d’orange aux teintes si variables. Le chant mélodieux des oiseaux saluent le crépuscule. Ses douces notes accompagnent tantôt les accords teintés de folk de Passenger, tantôt les textes harmonieux de Cabrel. Mon foyer sait aussi se délecter des silences qu’il collectionne comme des trésors, fertilisant d’idées et initiateur de réflexions. 


Mon foyer n’est ni très grand ni très peuplé, mais chaque personne qu’on y rencontre est unique et détenteur d’une partie de son âme. Lorsque nous nous retrouvons tous en son sein protecteur, il nous apparaît alors infini. 
Mon foyer m’offre la quiétude et le bonheur qu’il me manque tant lorsque je cherche fébrilement au dehors. Les chats sont lovés sur le canapé, le souffle ronronnant comme pour dire : le bonheur est là. La tête du chien posé sur mes genoux, les miens m’entourant de leur présence et de leur amour, me donnent la sensation que ma place est ici et qu’il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps. Nous sommes semblables à un clan, dont les préoccupations et les aspirations se rejoignent et où la notion d’espèce n’intervient pas pour compter les âmes. Nous sommes tous frères sous le soleil et l’individualisme n’a pas sa place parmi nous. 


La douce chaleur de mon foyer me fait

m’interroger : j’ignore si votre foyer, lecteur, vous apporte quelque chose de comparable ou même si vous avez la chance d’en avoir un. Si vous ressentez ce que je ressens, je vous en conjure, profitez de cette chance unique, de cette richesse que vous possédez, de ce clan dont vous faites partie. On s’abreuve d’illusions en rêvant d’aventure, lorsqu’au prix de mille dangers et mille péripéties, on a vécu tout ce qu’il était possible de vivre et vu tout ce qu’il était possible de voir en ce vaste monde, on s’aperçoit que tout ce que l’on cherchait était déjà chez nous, déjà en nous.
Dans ces conditions, qu’est-ce qui nous pousse à partir si loin ? Peut-être l’aventure est-elle nécessaire aux jeunes esprits pour apprécier la valeur de son foyer ? C’est bien souvent ainsi : ce n’est que lorsque l’on est sur la route que notre foyer nous manque. Je dis foyer et non maison, car si c’est une chose vitale que d’avoir un toit pour s’abriter, s’en est une autre si cette maison est habitée d’une âme qui se languit de vous autant qu’elle vous manque… Alors le monde ne vous parait plus si froid et distant. Vous savez que quelque part sur cette planète, quelqu’un attend votre retour.
Tout, lorsque je suis sur ma route, me ramène vers chez moi : les étoiles scintillent pour m’indiquer comment revenir sur mes pas, la pluie et l’orage qui s’abattent de concert sur mon âme esseulée me somment de m’en retourner. Le chant de la prairie, le craquement de feuilles rousses sous mes pas, la neige blanche, océan immaculé, le grondement des rivières, le chuchotement des ruisseaux… Tout me ramène auprès de vous.


Et mes pensées s’envolent et retrouvent le chemin du retour pour déposer sur vos fronts un doux baiser de tendresse. S’il est chose aisé de quitter le foyer, poussé dans le dos par l’épineuse Nécessité, l’insatisfaite Aventure ou la sulfureuse Indépendance, on ne peut faire quitter le foyer de son cœur.
Le lecteur avisé comprendra que je n’évoque pas ici un lieu physique, mais un espace tissé étroitement avec des personnes qui me sont chères, par les liens du cœur et du sang, modelé par les rires et les larmes partagées, renforcés par les souvenirs.
Je m’adresse à mon foyer, mon clan…
Je sais la route est longue mais même au bout du monde, je sais le chemin pour vous retrouver, en mon cœur éclairé, par toutes ces petites lumières qu’ensemble nous n’avons jamais cessé d’allumer.

Essais: Bienvenue
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Des chats et des hommes

Margaux-G

A tous les avis éclairés et les grands esprits qui ont croisé ma route, dont les grandes idées on influencées un jour ma pensé; j'aimerais réfléchir sur cette spontanéité du genre humain à vouloir tout catégoriser et apposer des barrières là où ne devrait s'étendre que l'horizon infini des grands espaces. 
Sensible à la poésie de l'art qui atténue les rudesses de l'existence au moins autant que la rigueur scientifique qui nous permet de la comprendre, j'entends depuis que j'ai l'âge d'avoir un discours que j'aimerais réfléchit, qu'un choix doit s'imposer, qu'on ne peut appartenir à la famille des littéraires tout en conservant un profil scientifique et que, d'ailleurs, l'inverse lui est tout aussi prohibé. 


Cette idée largement répandu serait les prémices d'une incompatibilité certaine entre ces deux mondes dans l’esprit des hommes. Il semble depuis longtemps établi que la subjectivité et le lyrisme de l'art n'a rien à échanger avec la rigueur et l'exactitude de la science. 


A tous ceux qui sont convaincus de ces propos, ceux qui assurent qu'aucun pont n'est bâtissable, qu'aucune armistice ne sera jamais signé entre les créatifs et les pensifs, voici à mon sens, le contre-exemple par excellence.


Il est un animal qui a su par ses facéties et sa sagesse corrompre les cÅ“urs d'Homo Sapiens. Passant avec volupté parmi les épaisses reliures de cuir des ouvrages anciens, ronronnant sur les bureaux d'écrivains illustres, se lovant aux pieds des instruments qui libèrent la musique du monde, ils agrémentent de leur présence l'élaboration des études scientifique des plus grands, arpentant les laboratoires pour juger de ses prunelles félines la justesse des calculs. 
Le chat, dans sa souplesse admise à mis sur la voie tant de grandes œuvres artistiques et tant de théorèmes et théories célèbres que l'on est forcés d'admettre que ce divin animal n'eut jamais de choix à faire. Et d'ailleurs, pourquoi en aurait-il fait un ?


Le chat écoute et regarde patiemment naître l’idée qui va sans doute bouleverser le monde, jugeant tout cela avec quiétude et indifférence, peut-être est-ce parce qu’il détient ce savoir depuis déjà longtemps…
Il sait bien, lui, que l’œuvre du poète n’a pas moins d’importance pour l’humanité que le travail du chimiste. Peut-être est-il temps que, tel le chat, nous admettions enfin que les grands problèmes de ce monde et celui du futur, ne trouveront solution que si scientifiques, manuels, artistes, philosophes, théoriciens, artisans, analystes, économistes etc, acceptent d’y réfléchir ensemble et d’écouter l’opinion de chacun. Le chat aura alors enfin réussi à enseigner à l’homme la plus importante leçon d’humilité…

Essais: Bienvenue
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Si j'étais un crayon

Margaux-G

Si j'étais un crayon, je parcourrais les mondes dans la poche de quelques illustres écrivains et leur prêterais mon encre pour donner vie à leurs rêves. Je tracerais des lignes pour couper les frontières, j'inventerais des vies à ceux qui n'en ont pas, leur confectionnant un bonheur indélébile. Je me chargerais de réécrire ce qui doit être réécrit, décrivant dans mes pages le monde dans son infinie beauté. Je rendrais compte de la folie des hommes tout en composant milles sonnets pour honorer l'humanité. Je dessinerais des ponts de voyelles entre les cœurs, je distribuerais des poignets de consonnes à toutes les âmes. Je découperais des fenêtres de lumière au cœur des ténèbres par quelques mots flamboyants. Et lorsque le soleil se couchera sur ce monde fatigué, peut être ma plume n'aura telle rien changé en apparence, mais j'oserais espérer que l'encre de mes espoirs sera tombé sur les esprits comme des gouttes de pluies, redonnant vie à quelques terres arides tombées dans l'oubli.

Essais: Bienvenue
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Essayez

Margaux-G

Voici donc une nouvelle année scolaire qui s'achève sous le doux climat du mois de juillet. Cette année-ci fut pour moi quelque peu insolite par rapport au reste de mon parcours, c'était la première année post-bac, celle où vous vous sentez livrés à vous même dans ce labyrinthe de l'orientation où chaque voie empruntée a des allures d'impasse. La route que j'ai choisie fut celle pour laquelle je m'étais résolue depuis mes trois ans: une classe préparatoire aux grandes écoles spécialisée dans le domaine de la biologie. Depuis que je suis en âge de m'interroger sur mon avenir et de poser des questions, j'expose mes doutes et mes inquiétudes à qui se targue de m'offrir une réponse. Le souci étant que professionnels ou amateurs de l'avenir n'ont jamais pu me dire quoi faire. Ils n'ont pour la plupart jamais eu à répondre à une jeune en situation de handicap qui, lassée qu'on lui réponde non à chacune de ses propositions demande simplement à ce qu'on lui présente les métiers qu'elle pourrait exercer. Le handicap, l'absence de force physique, la lenteur à la réflexion, même compensée par un excellent parcours scolaire ferme forcément des portes.

​

J'ai décidé de me lancer tout de même en classe préparatoire malgré la difficulté de ces études et l'absence de garanties concernant les gains que je pourrais y trouver. Avais-je envie de me prouver quelque chose ? Sans aucun doute. Je pense objectivement que plus les gens à qui j’exposais mon projet me disaient, les yeux écarquillés, que je n'y arriverai jamais, plus ils tentaient de me dissuader de partir dans cette voie, arguant que ces études étaient épuisantes, effrayantes, physiquement et psychologiquement difficilement supportables, et que les concilier avec mon handicap, ma fatigue et ma santé fragilisée semblaient réellement compliqué, plus j’étais résolue. J'ai entendu ces arguments, j'y ai bien sûr réfléchi, je sais bien qu’ils ne résultaient que de l'inquiétude bienveillante de ces personnes et qu'ils étaient fondés. Mais en réalité, plus j'y réfléchissais, plus je voulais y aller, non pas pour leur prouver qu'ils avaient tort, mais pour savoir si j'en étais capable, pour tester mes limites, pour en apprendre d'avantage sur moi-même. On a prédit ma mort quelques heures après ma naissance, je respire encore. On a dit à mes parents que je ne marcherai jamais, j'ai fait mes premiers pas l'année de mes six ans. On a expliqué à mes proches que j'avais sans doute une partie du cortex droit enfoncé, ce qui pourrait entraîner des dommages ou des retards mentaux, mon dossier fut recevable en classe préparatoire... Chacune de ces victoires s'est faite dans les larmes et la sueur mais chacune valait la peine de se battre. Je ne voyais cela que comme un défi supplémentaire, un grand défi, certes, mais également un moyen d'honorer cette promesse que je me suis faite il y a bien longtemps: vivre sans regrets. Ma maman, inquiète dans son rôle de mère, m'a demandé quelques jours avant la rentrée si je pensais en être capable... Je lui ai répondu en toute honnêteté: je n'en savais absolument rien, mais j'y allais pour le découvrir.


Ceux qui me connaissent savent l'importance de l'écriture et le lien que j’ai tissé avec elle. Ils savent que j'ai besoin, pour avoir les idées claires et faire le point sur tout ce que j'ai vécu, de les coucher sur le papier. Tout ce dont on m'avait avertie sur cette filière s'est révélé exact et je m'y attendais. À vrai dire, nous nous y attendions tous, mais nous avons tout de même été surpris. J'ai vécu là l'année la plus éprouvante, tant physiquement qu'émotionnellement, de toute mon existence. La pression et l'atmosphère font naitre de constantes remises en questions et les doutes nous assaillent jours et nuits. On a parfois la sensation de se perdre, de ne plus savoir qui nous sommes ou ce pourquoi nous nous battons encore... Cependant, je dois vous le dire, ce fut aussi la meilleure année de tout mon parcours scolaire. Je n'ai jamais vécu de choses aussi fortes, jamais noué de tels liens, liens que je veux croire indéfectibles. L'apprentissage fut riche et ne s'est pas limité uniquement aux notions du programme. J'ai grandi, j'ai appris tant sur moi et sur les autres, je vois à pensent les choses d'une manière bien différente. J'ai fait des rencontres gravées à jamais dans mon cœur et dans mon esprit. Ce sentiment d'appartenir à une même famille, de pleurer et de rire ensemble, de croire en les autres autant qu'ils croient en nous. J'ai appris que mes différences n'étaient pas systématiquement génératrices de rejet comme je le croyais jusqu'à présent. J'ai appris que l'intégration était une histoire que l'on pouvait écrire ensemble et qu'elle pouvait avoir une fin heureuse. J'ai appris que j'étais encore quelqu'un si on m'enlevait l'étiquette de la meilleure élève. J'ai appris que je pouvais apporter des choses à mes camarades, que je n'étais pas qu'une personne dépendante qui demande toujours de l'aide. J'ai appris que l'essentiel était invisible et que le but n'est pas ce qui importe le plus, qu'il était bien dérisoire devant la richesse du chemin parcouru.

Cette expérience m'a changée et m'a permis de reprendre espoir et confiance à bien des niveaux. Et je voulais en remercier chacune des personnes qui ont joué un rôle dans cette aventure. Certaines personnes d'exception rencontrées au gré de cette année, que j'ai la chance aujourd'hui de pouvoir compter parmi mes amis, m'ont remerciée de leur avoir donné par ma présence le courage de ne pas démissionner. Bien que cela me touche beaucoup, ils n'ont pas conscience à quel point ils m'ont soutenue tout au long de cette année, et qu'ils m'ont sans doute inconsciemment bien plus aidée qu'ils ne le pensaient. Tous les acteurs de cette histoire, amis, professeurs, parents, m'ont montré qui j'étais et qui je pouvais être, ils m'ont appris que nos vies ne sont pas condamnées par un destin irrévocable mais que la bravoure peut tous nous mener au choix.

Cette année en classe préparatoire fut éprouvante. Malgré tous mes efforts, la maladie m'a imposé des limites que je n'avais pas le luxe de m'offrir pour suivre le rythme de travail. Après décembre, comme tous à chacun, j'eu une baisse de moral importante et je fus l'espace d'un instant, séduite par l'idée de démissionner et reprendre une route moins difficile: mes résultats ne s'amélioraient pas malgré toute la motivation et la persévérance que j'employais. C'est alors que j'ai revu l'équipe médicale qui me suit depuis que je suis née, à qui j'ai remis maintes fois ma vie entre leurs mains. Ces personnes admirables m'ont dit à quel point ils étaient fiers de moi et de ce que je tentais d'entreprendre. J'ai compris alors autre chose : peu importe le résultat de tout cela, je me devais de rester jusqu'au bout. Pour toutes les personnes qui n'ont plus la force de se battre pour leurs rêves, toutes celles dont la vie à briser les espoirs. Je me devais de rester pour honorer mes promesses et peut être montrer à d'autres qui s'entendent dire sans cesse ce qui est possible ou non pour eux, que le seul moyen d'en être certain est d'essayer.

On m'a proposé de renouveler cette expérience en faisant cette année en deux ans afin d'avoir plus de temps pour assimiler les choses et peut être obtenir enfin des résultats à la hauteur de mes efforts. Je n'ai pas hésité une seule seconde. En dépit de toutes ces heures difficiles, la prépa est une expérience épanouissante qui a bouleversé mon existence. J'ai appris cette année-là la plus importante de toutes les leçons que pouvaient m'enseigner l'école de la vie: Le plus important, ce n'est point le triomphe mais le combat ; l'essentiel, ce n'est pas d'avoir vaincu mais de s'être bien battu.

Si vous avez un rêve, un désir et que tout vous fait dire que vous n'êtes pas à la hauteur, n'hésitez pas un seul instant... Foncez, avec tout votre cœur et votre force, donnez le meilleur de vous-même. Vous pourrez alors célébrer l'échec ou la victoire, car l'événement à fêter n'est point l'issue mais le simple fait que vous avez eu le courage d'essayer...


                      Je dédie ce texte à mes professeurs de classe préparatoires,

                      Ã€ mes parents qui m'ont toujours encouragée dans mes décisions

           Ã€ mes chers amis à qui je dois beaucoup: Amélie, Anouk, Laurine, Alexandra, Laura, Elena, Tom, Théo, Guillaume, Maeva et tous mes            camarades de Bio1A...

Merci… de fond du cœur.

Essais: Bienvenue
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Un pas de plus

Margaux-G

Aller... encore un pas. Juste un seul... Voilà.

Houlà, vite, rétablir l'équilibre, vite. Voilà c'est bon... Aller, encore un pas de plus...


Je progresse lentement, très lentement, à chaque pas que je tente, je dois attendre de retrouver mon équilibre déjà précaire. Parfois, lorsque j'avance d'un pas, je sens mon corps partir vers l'arrière, et dans un vain espoir de rétablir mon centre de gravité, je suis contrainte de reculer de trois pas. Et il faut tout recommencer...

​

Cela fait deux ans à présent que je tente de réapprendre à marcher. Malgré une trop faible endurance et un rythme respiratoire toujours atrophié, le carrelage droit de ma maison entouré de meubles ne me pose plus vraiment de problème. 


Alors m'a pris ce matin la fantaisie de m'aventurer sur le terrain irrégulier de la nature, je suis sortie au dehors pour attaquer seule, sans mon fauteuil roulant, la pente raide de mon jardin. Je ne me fais pas d'illusions, arriver au sommet est tout bonnement impossible, mais je souhaitais voir jusqu'où je serais capable d'aller...
Je suis pieds nus, afin de sentir au mieux les irrégularités du sol et de les prévoir. Je prends une profonde inspiration, je lève prudemment un pied, je me concentre. Le vent tente de me déséquilibrer... Il y parvint presque. Précipitamment je repose le pied au sol et je fais face. C'était moins une, cette fois. 


Mon père m'observe de loin, inquiet. Je lui ai défendu d'approcher ou de tenter de m'aider. Je dois le faire seule. Il a peur que je tombe... Moi aussi bien sûr, le risque est grand dans ces conditions. Mais je ne veux pas abandonner, je ne veux pas choisir la voie de la facilité. A chaque pas, je risque la chute, et pourtant je continue, tentant d'en faire un nouveau. 
Folie ? Inconscience ? Sans doute ! A dire vrai, lorsque je tente d'avancer à nouveau, je sens en moi le bonheur de ce petit progrès qui nécessite tant d'efforts, je sens la peur de tomber qui me submerge, et au milieu de tout cela, mon cerveau, conscient des risques, qui se concentre pour avancer encore... Un pas de plus... Un pas qui peut m'amener joie et victoire… Ou bien peur et souffrances...


Et tout cela contribue à répandre une sensation délicieuse dans tout mon être: je me sens vivante !
C’est vrai j’aurais pu monter cette côte sans aucun problème, en toute sécurité, confortablement installé dans mon fauteuil roulant électrique. Mais debout, seule, sans aucune garantie, prenant le pari pour chaque pas, c’est une toute autre histoire. Je sens mon cœur cogner dans ma poitrine, je sens mes alvéoles pulmonaires se remplir les unes après les autres, mon cerveau se focalise sur ce petit pas que je dois faire. Il n’y a aucun doute… Je suis en vie !


N’est-ce pas d’ailleurs ce à quoi nous aspirons tous ? Se sentir vivant ?

La vie est une série d’opportunités à saisir, une aventure de chaque instant à tenter. Je ne vais pas vous mentir, vous pourriez souffrir, faire des choix atroces, faire des pas qui pourraient bien vous terrasser de douleur… Pourtant si vous n’essayez pas, si vous restez statique, vous pourriez bien ne jamais faire ce pas qui vous amènera le bonheur, ce pas qui vous fera grandir, ce pas qui vous fera aimer, qui vous fera espérer, qui vous fera rire…

Alors allez-y… Levez-vous… N’ayez pas peur…
Faites un pas… Prenez le risque… 
Vivez !

Un pas de plus… avancez, encore et toujours, et vous saurez !

Essais: Bienvenue
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La marche de l'espoir

Margaux-G

Il faut que tu marches. Allez, lève toi, lève toi et marche, tu peux le faire... Oui, je peux. Pourquoi ne pourrais-je pas marcher alors que le monde entier marche, tourne, bouge. Marcher... Ce verbe qu'apprennent à conjuguer les nouveaux nées. Marcher... Ce que fait l'antilope pour échapper au guépard. Marcher... Les gnous n'ont qu'une demie heure pour apprendre à marcher, telle est la loi de la savane. Oui, le monde entier marche. Alors pourquoi pas moi ? Pourquoi ne puis-je pas me lever de mon fauteuil roulant ? Pourquoi le monde continue t-il a marcher, sans moi ? Je veux marcher. Mais je ne peux pas... J'ai beau me lever, commander ce geste si simple à mon cerveau, ma jambe ne m'obéit pas, lourde comme prise dans le béton, inactive comme une branche morte. Et je la regarde, je la fusille du regard, la priant de me laisser, de m'obéir, de me suivre, de me porter, même pour un pas, un seul... Mais elle reste là, têtu et indomptable, refusant d'entendre mes supplications, restant muette face à mes prières. Pourquoi ? Pourquoi ne m'obéit tu pas ? Je suis un être humain, je peux marcher, comme mes semblables. J'ai le droit de marcher, je ne veux pas regarder le monde bouger dans mon fauteuil, comme une spectatrice. Je ne veux pas voir les gens danser sans que je puisse y participer. Je veux jouer, danser, bouger, aller où bon me semble sans recevoir les coups d’œil réprobateurs des autres en voyant mon fauteuil. Sans être arrêter par une simple marche, un simple obstacle qui se dresse sur ma route et me force à faire demie tour... Oui je veux beaucoup de choses, mais je veux marcher plus que tout... Je sais que je ne suis pas là par hasard, que j'ai un rôle à jouer. Walt Withman ne parler pas d'un :" prodigieux spectacle qui continue" et ne disait -il pas que nous "pouvons y apporter notre rime ?". Oui je veux apporter ma rime à cette sublime chanson, celle qui rythme le monde. Je veux aller voir tout ceux qui n'on plus d'espoir et jouer pour eux cette sublime musique. Je veux danser et sourire, prouver à tout ceux qui doute que la vie est belle... Montrer a tous que les rêves se réalisent toujours...
Allez, lève toi... Une nouvelle fois... Tu le peux... Je le sais. Lève toi. Lève toi et marche. Et une fois de plus, un échec... Une fois de plus... Que dois-je faire ? Mais répondez moi ! Pourquoi je n'obtient jamais de réponses ? Pourquoi ?
Cette voix... Je la connais. Oui je sais que je l'ai déjà entendu... Cette voix, celle qui rythme mes rêves, mes espoirs, elle retentit soudain... Que dit elle ? Que signifie donc cette musique ? "Tu peux marcher, et tu le sais..." Mais non ! je ne peux pas, j'ai tant essayé, tant tomber ! Je ne peux pas... "Si tu le peux... Réessaye, est crois y, il suffit simplement d'y croire...".
Alors, je remplis tout mon cœur de cette musique, cette si belle musique qui retentit soudain, celle que je chantonnais dans les moments difficiles... Je chante, à plein poumons, et tant pis si quelqu'un désapprouve. Je chante et me lève sans le voir. Enfin ! ma jambe m'obéit. Enfin je la contrôle, et je me lève, je marche, je danse, sans cesser d’entonner cette chanson, cette musique que l'on a tous au fond du cœur... Je marche... Enfin...
"Il fallait juste y croire... Essayera tu ?" Oui, je le promet...
Je me réveille, de cette douce nuit, ce rêve si beau, si réel... Et je me transfert dans mon fauteuil, les jambes lourdes, difficiles à dompter. Une journée de plus, dans un fauteuil, une journée de combat... Mais j'ai le cœur empli d'espoir, plus que jamais, je veux y croire. Et je n'ai pas le moindre doute en l'avenir, je sais ce qui m'arrivera, je sais que toi, tu y croira, je sais que tes rêves, les miens, les nôtres se réaliseront un beau jour. Car c'est ça la vrai vie. Se qui fait tourner le monde, ce qui danser les hommes... Ce n'est pas la marche... Ce sont les rêves ! Et je retente, encore et encore, sans jamais me découragée... Je remarcherais, je réaliserais mes rêves... J'ai des promesses à tenir...
Parfois, une étincelle de rêve suffit à rallumer l’espoir.

Essais: Bienvenue
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Bracelet Brésilien

Margaux-G

La tradition veut que l'on fasse un vœu avant de nouer un bracelet brésilien à son poignet. La légende, elle, dit que lorsqu'il tombera, le vœu se réalisera... Les adultes lèveront au ciel des yeux incrédules, les enfants feront de grands sourires… Que l'on y croit ou non, ce n'est que du rêve, de l'espoir, quelque chose en laquelle on peut se raccrocher, une infime lueur qui pourrait nous rappeler ce que nous avions souhaité.

A l'hôpital, perdu à mes longues heures d'ennui, j'ai commencé à faire des nœuds. Les nœuds ont formé petit à petit des rangs, les rangs, un bracelet. C'était tout simple, et pourtant, pendant que je me consacrais à cette activité, je ne pensais plus à rien, rien qu'à mes nœuds. Je ne voyais plus les sombres murs qui m'entouraient, je ne pensais plus aux examens et aux piqures qui m'attendaient, ni à ma famille dont je devais me séparer une fois le soir venu.

Curieusement, ses bracelets n'étaient pas pour moi... Aucun n'ornait mon poignet, et pourtant, je ne cesser d'en créer des nouveaux. Moi j'avais ma famille, mes amis, tous les gens que j'aime, m'ont donné la force, d'une manière ou d'une autre de continuer, de ne jamais cesser de lutter. Nous menions tous un combat quotidien, contre la maladie, contre le temps... Et nous avions besoin de cet espoir, qui parfois, lorsqu'il venait à manquer, ébréchait notre courage. Or, sans le courage, on ne peut vaincre...

Moi j'avais mes proches, certains de mes camarades n'avaient pas cette chance, parfois âgés de quelques années, tout au plus, parfois seuls et désorientés, loin de chez eux depuis trop longtemps... L'espoir et les rêves s'en retrouvaient parfois perdus dans leur cœur. Alors je leur offrais mes bracelets, dans l’espoir de les consoler… Puis, il en vint qui voulurent apprendre à en faire. Parce que c'était nouveau, parce que ça brisait la monotonie installée, parce que cela tuer le temps. Et j'ai appris, aux petits, aux grands, j'ai formés tous ceux qui me le demander. Puis, mes petits apprentis ont formés d'autres enfants, et, en quelques semaines, c'est le service entier qui faisait des bracelets. A cet instant précis, lorsque je contemplais un petit bout, sourire devant ses premiers nœud maladroits, lorsque une petite fille est venue me trouver, brandissant fièrement sont premier chef d'œuvre, j'avais l'impression d'avoir aidée, l'impression d'avoir accompli quelque chose... Ils avaient des bracelets, ils se les offraient, ils faisaient des vœux... Le petit Cyril voulait une famille, Mathieu voulait juste se tenir debout, Louane voulait rentrer chez elle... Et en nouant ses bouts de ficelles, ils croyaient de tout leur être à leurs rêves, et moi je priais silencieusement pour qu'ils se réalisent vraiment.

Le matin, lorsque je me réveillais, mon grand plaisir de la journée était d'allumer la télé sur une chaîne de clips musicaux... Non pas pour écouter les derniers morceaux, mais pour voir dans quel position du classement "top 50" se trouvait mon artiste préféré: Christophe Mae. C'était tout simple, mais lorsque je le voyais remonter dans le classement, j'étais contente. Et j'écoutais son titre, savourant chaque mot, chaque note... Ce n'était peut-être rien, mais pour moi, c'était l'instant où mon imagination divaguait, je me voyais marcher, je me voyais vaincre la maladie, je voyais les autres sortir en courant des vieux bâtiments austères, je voyais le soleil nous saluait de ses doux rayons. Nous rentrions chez nous...

Et parmi ces vœux, il en figurait un, beaucoup plus personnel: celui de remercier cet artiste, pour la force que ses chansons m’avaient offerte. Un rêve fou, un rêve idiot à formuler, cloué dans un lit d'hôpital... Cependant, c'était mon rêve.

Tandis que nous partions au Kiné, les enfants montrer aux aides soins et aux infirmières leur bracelet. Ils leur parlaient de leurs vœux, on voyait à la lueur dans leurs yeux et à l'excitation dans leur voix, qu'ils y croyaient. L'espoir revenait... Pourtant... Lorsque les bracelets tomberont... Que restera-t-il de leurs vœux ? Qu'arrivera-t-il lorsqu'ils comprendront que la magie n'existe pas, que les bracelets ne les exauceront pas ? Je préférais ne pas y penser.

Lorsque j'ai pu sortir, lorsque je suis rentrée chez moi, les adieux aux enfants du service furent difficiles. Ils étaient sincèrement heureux pour moi. Chaque départ est une fête aux yeux de tous, chaque départ était une victoire... J'étais si heureuse de rentrer chez moi, mais tandis que l'ambulance s'éloignait, je regardais les mains s'agitait, à leur poignet, des bracelets colorés... Que vont-ils devenir ? Je me sentais mal, j'avais l'impression de les abandonnés, de les trahir... Une seule question revenait sans cesse : Pourquoi moi et pas eux ?

Puis le combat à continuer, j'ai pu goûter au bonheur de retrouver ma vie,  mes parents, mes proches, ma maison... Lorsque l'on passe du temps avec des gens qui vivent les mêmes épreuves que nous, on tisse de liens, obligatoirement... Et le destin n'en avait pas fini avec nous... Quelques mois plus tard, lors d'une énième consultation à l'hôpital, j'eu des nouvelles des enfants hospitalisés durant l'été... Les bracelets étaient tombés depuis le temps et il semble que la magie était là:                     le petit Cyril avait trouvé une famille d'accueil, Mathieu à commencer à pouvoir se tenir debout et Louane avait enfin retrouvé dans son foyer...

C'est le cœur empli de joie que je suis retourné chez moi, un nouveau projet en tête. J'ai sorti les fils, choisit avec soin les couleurs, et j'ai commencé mes nœuds, avec soin et patience. Des nœuds, des rangs, un bracelet... En attachant le bracelet à mon poignet, j'ai demandé à être exaucé de ce vœu si cher, avoir la chance de pouvoir rencontrer Christophe Mae... Mes parents et l’association Magie à l'hôpital ont rendu se rêve réalité, et le temps d'un concert, d'une entrevu, j'ai eu la chance de comprendre enfin le monde des rêves...

Le bracelet n'est pas miraculeux, mais l'espoir que nous y plaçons le rend spécial, le charge de magie. Le bracelet n'est qu'une concrétisation de cet espoir. Ce qui nous permet réellement de réaliser nos rêve, ce sont la force que nous y plaçons, c'est simplement le fait d'y croire, toujours... Aujourd'hui, je porte encore cet unique bracelet, malgré mon vœu exaucé. Et chaque fois que je le regarde, je me remémore la promesse que je me suis faite: ne jamais cesser de croire en mes rêves... La magie fera le reste...

La vie nous lance des défis, les rêves nous donnent la force de les contourner... Et lorsque vous ne croyez plus en vous, alors croyez en vos bracelets...                                                                                 Pour tous ceux avec qui j’ai partagé le quotidien au CHU

Merci à toutes les personnes qui ont rendu possible ma rencontre avec Christophe Mae

Les personnes mentionnés sont réelles, mais leurs noms ont étaient changées pour protéger leur anonymat…

Essais: Bienvenue
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Le Sablier

Margaux-G

Seule dans la fraîcheur de la nuit qui tombe peu à peu, j'observe le ciel se voiler et recouvrir son manteau étoilé. Tandis que le calme et les mystères prennent possession du royaume de la nuit, je laisse mon esprit vagabonder au grès de mes pensées. Je contemple le monde dans ce qu'il a de plus redoutable, de plus beau, de plus cruel, de plus simple. Je cherche une raison, un sens, un conseil, je cherche à comprendre comme tout un chacun ce qui m'entoure. Lorsque j'aperçois par hasard un semblant de réponse, l'ombre d'une idée, elle amène toujours plus d'interrogations. Peut-on seulement obtenir une réponse ? Après tout, ces pensées hantent l'esprit de tout homme depuis l'aube des temps sans que jamais personne n'ait jamais trouvé la clef du mystère. On cherche, on croit, on espère... On cherche un but, une autre fin à l'histoire. S'affranchir de l'éphémère et de cet inquiétant chemin qui s'enfonce au loin dans l'obscurité. Mettre un nom sur l'inconnu permet de chasser la peur qu'il engendre. Cependant, Scientifiques, Religieux, Poètes, Philosophes tous vont  devoir  se résoudre à cette réalité: le monde est mystères, il en est constitué et c'est ce qui en fait son charme et sa beauté. On passe son temps à tenter d'apercevoir la suite, ou à imaginer la fin de l'histoire. Lorsque le film se déroule et que l'on contemple ce que l'on a laissé derrière, on regrette l'emprise du temps sur nos vies, ce que nous aurions pu faire, ce que nous aurions dû essayer, les échecs collectionnés, la quête incessante du bonheur pour finalement maudire le poids des années qui nous accable. Tel est l’être humain, ce que nous sommes, tantôt visionnaires, désireux de deviner l'avenir, tantôt nostalgiques, trop occupés à revivre inlassablement ce même dialogue avec les ombres de son passé. Au final, quel est le but de tout ceci ? Avancer vers l'inconnu pour ne laisser que regrets dans son sillage ? Mon conseil, si modeste soit il serait le suivant: effacez toute crainte de l'avenir en vos cÅ“urs, ne regardez pas trop loin devant vous. Du passé, ne captez que quelques souvenirs choisis avec soin, et gardez les comme vos plus précieuses armes contre l'adversité. Vivez chaque instant, chaque seconde de votre existence comme si c'était la dernière que vous vivez. Regardez ce qui vous entourent, ceux qui vous suivent sur ce chemin sinueux, émerveillez-vous de tout comme au premier jour du premier homme, continuez à voir la beauté dans ce qu'elle a de plus naturelle, le bonheur dans ce qu'il a de plus simple. Lorsque la peur vous paralyse, faites confiance à ceux que vous aimez, à ces souvenirs qu'ensemble vous avez forgés. Allumez alors les grandes dates, comme on allume des flambeaux. Ne remettez jamais à plus tard un rêve qui vous tient à cÅ“ur. La vie est un cadeau précieux qui nous est donné, et le monde est source de merveilles que nous avons tendance à explorer à travers un écran numérique. Il nous  faut voir des photos de paysages exotiques pour voyager sans soupçonner l’existence de quelques magnifiques contrées qui peuplent les alentours de notre demeure, nous rêvons de gloire et de célébrité, sans ne  plus voir dans les yeux de nos proches le héros que nous sommes pour eux. Nous cherchons l'éternité sans jamais songer que tout se joue ici et maintenant. Lorsque nous le voyons, il est déjà trop tard, et les regrets s'installent. Le sens de la vie, de l’existence, le pourquoi du comment, la raison de notre présence en ce monde ? C'est que vous avez un temps imparti, pour jouer une partie. Personne d'autre que vous même ne peut jouer à votre place. Vous êtes unique et par conséquent, vous pouvez changer le monde, sauvez des vies, bouleverser des existences, redonner courage, gommer les injustices, essayez jusqu'à ce que les échecs et les succès ne viennent évincer les regrets de ne pas avoir tenté. Vous ne pouvez jouer qu'une partie et elle est chronométrée... Le monde s’offre à vous, durant une partie. Les possibilités sont immenses, le bonheur vous attend à chaque tournant pour peu que vous le voyez. La véritable question est : Allez-vous jouer ? Ou contempler perdu en rêveries, peurs et tromperies, le sable du sablier s'écouler ?

Essais: Bienvenue
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Le prestige

Margaux-G

« Tout grand tour de magie comporte trois actes.

Le premier s’appelle la promesse. Le magicien vous présente quelque chose d’ordinaire qui est bien sûr, loin de l’être.

Le deuxième acte s’appelle le tour. Le magicien a le don de transformer une chose ordinaire en quelque chose d’extraordinaire. Alors vous cherchez le secret. Mais en vain…

C’est pourquoi il existe un troisième acte… Le prestige. C’est celui des rebondissements imprévus, des choses que vous n’avez jamais vu… Â» .

Le prestige – Christopher Nolan


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Il y a certaines mélodies qui resteront à jamais gravées dans votre cœur. Certains morceaux qui invoqueront en vous un flot de souvenirs perdus. Resurgiront alors des méandres de votre mémoire des scènes de l’enfance qui viendront vous bercer avec douceur. Spécialement lorsque vos parents sont issus du domaine artistique comme les miens le sont…


Mon père, un éblouissant magicien  se mit à la recherche d’une assistance. Ainsi fut permise la rencontre avec ma mère. Il trouva la plus belle et la plus talentueuse de toute qui devins sa femme. Le duo Sandy Magic venait de voir le jour.


Mon enfance fut rythmée par des contrats de ci et de là, certaines auxquels j’assistais, d’autres non. Les arbres de noël dans les communes picardes, la sono, les stroboscopes, les applaudissements, les costumes indiens aux couleurs chatoyantes ou les sombres capes mystérieuses, la blancheur éclatante des colombes, le public qui retient son souffle, le rêve dans les yeux de tous et moi, toujours au premier rang, haute comme trois pommes emplie de fierté qui fanfaronnait auprès des autres enfants :

« Ce sont mes parents… Â».

Oui, il y a des musiques que l’on n’oublie pas…

Lorsque j’entends Sadeness d’Enigma, je revois les silhouettes encapuchonnés et masqué de mes parents, s’avançant lentement main dans la main dans une salle de spectacle obscure, éclairé à la seule lueur d’une bougie dont l’intensité de la flamme varie au grès des envies de mon père… Le premier acte… Ma mère s’élève dans les airs tandis que le magicien fait apparaître un bel oiseau. Les gestes sont lents, gracieux, méthodique… Le public retient son souffle… Le deuxième acte s’achève.  Ma maman est là, lévitant à un mètre du sol de manière aussi naturelle que si elle avait était capable de voler comme la colombe… La musique résonne, le public n’en croit pas ses yeux… La magie est là… C’est le prestige…


J’allume la radio. Retentissent soudain quelques notes familières d’un tout autre registre. Le style est plus léger, et pourtant chargé de mystère. C’est la bande originale du film « The Exorcist Â» de William Peter Blatty’s. Les premières notes de piano résonnent dans ma tête… Et je me revois enfant, les yeux écarquillés observant pour la première fois, le tour que je verrais bientôt à chaque weekend, sans jamais m’en lasser. La grande illusion de Sandy Magic… Le Vosticube, cette boite mystérieuse dans laquelle rentre ma mère… Premier acte. Le public ne sait pas encore à quoi s’attendre…


Deuxième acte. La boite est démonté, transpercée d’épées, plus rien d’organique ne peux s’y trouver… Et pourtant… Comme s’ils avaient compris que la tension était à son comble, le rythme du morceau se modifie, les musiciens font peser sur les cœurs une autre atmosphère. Inquiétude mêlée de fascination… Soudain le magicien retire épées et couteaux, la boite retrouve son aspect initial. La porte s’ouvre… Ma maman est sortie, saine et sauve, souriante… C’était le troisième acte… Le prestige…


Douze ans plus tard, au village vacances de Quiberon en Bretagne, mes parents animent une soirée magique pour divertir les vacanciers. J’observe pour la millième fois ce tour époustouflant, mais cette fois c’est différent… Nous observons le spectacle en régie, l’ingénieur son et lumière, un collègue et ami magicien de mon père et moi-même. Cette fois c’est différent parce que c’est la dernière fois que ma mère disparaîtra dans le Vosticube. Nous sommes tous émus en régie. Le tour se termine, le public se lève, l’émerveillement est à son comble… Une petite porte se referme dans mon cœur… Une page du livre de mon enfance se tourne.


La question que l’on m’a posé à chaque fois que je parle de magie, celle qui vous brûle le plus les lèvres peut être en ce moment même, est la suivante :

« Quel est le secret du Vosticube ? Quel en est le trucage ? Â».

Et tous attendent que la scientifique que je suis se mette à parler, qu’elle leur explique comment il est matériellement possible de tenir dans une boite que l’on transperce d’épée et s’en sortir indemne ? Depuis ma prime enfance je réponds à cette question toujours de la même manière, en souriant, en laissant de coter la scientifique et en laissant répondre la poète :

« Mes amis… Vous me demandez d’étouffer le rêve qui vient de naître dans vos yeux… Laissez-le vous habiter à jamais et acceptez qu’il y a certains secrets qu’il est nécessaire de garder à jamais… A moins que le seul secret qu’il y est derrière tout ceci, soit l’existence de la vraie magie en ce monde.»


La vérité, chers lecteurs, est que moi-même je ne suis pas détenteur de ce secret. Non pas que mes parents n’ont jamais voulu me l’enseigner, non. Simplement parce que je l’ai toujours refusée. Peut-être par peur d’être déçue ? Ou simplement pour continuer à rêver, pour que l’illusion persiste dans mon cÅ“ur. Car quand le rêve prend fin, il ne tiens qu’à nous de le faire perdurer…


La petite fille en régie assistant à la dernière représentation de cette grande illusion qu’elle avait vu tant de fois se trompait. Ce n’était pas la fin. J’eu l’immense surprise de revoir ce tour une ultime et dernière fois, entourée de toute ma famille et de mes plus proches amis, sur le goudron entourant l’étang communale de mon village. Oui, dans ce petit village perdu de Picardie, pour une centaine de proche, le duo Sandy Magic fit une dernière fois tourner la grande boite noire au son du  piano de Mike Oldfield... En mon honneur, pour mes dix-huit ans...

Et c’est là que j’ai enfin compris.

J’ai réalisé ce qu’était la véritable magie.


Toutes ces années j’ai cru à tort que la grande illusion de mes parents, leur plus beau tour de magie était le Vosticube… Il n’en est rien. La vraie magie est ailleurs. Voici quel fut leur plus grand tour :


Premier acte, la promesse : Un magicien et son assistante tombent amoureux.


Second acte, le tour : vingt-cinq années de vie commune, une vie et des rêves qui se construisent petit à petit, les joies et les peines vécues ensemble.


Et enfin, le troisième acte : j’ai était élevé dans un bonheur simple et véritable, je me suis épanouit au soleil d’un amour inconditionnel. Mes parents m’ont appris que les miracles existaient, que le monde n’était que magie et que rien n’était impossible…


L’amour, la famille, la vie… Voilà la plus puissante des magies.


Là est le prestige.

Essais: Bienvenue
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